Médecines douces - Diététique, Alimentation
Végétarien & Végétalien LES ANIMAUX DANS L'INDUSTRIE

Les personnes, qui travaillent dans des abattoirs, ont souvent une répulsion face à autant d’horreur (comme certains soldats à la « boucherie » militaire). Seulement, elles s’y habituent plus ou moins, il faut vivre et ne pas être faible, refouler ses émotions (ou risquer de perdre son emploi ou de devenir fou). Elles ne pourront plus jamais accepter mentalement que tuer un animal est mauvais car cela les placerait dans une position trop culpabilisatrice, trop dure à supporter pour leur propre estime. Comment vivre en ayant sur sa conscience des milliers de morts égorgés, dépecés et taillés en morceaux. Idem pour ceux qui mangent de la viande, comment admettre que celui qu’on mâche et qu’on digère est comme nous, sans voir s’effondrer toute l’image positive qu’on peut avoir de soi ? C’est passer du statut d’une personne gentille à un monstrueux cannibale. Le blocage est comparable à un instinct de survie : « ce n’est pas possible que je puisse être aussi mauvais. Ils se trompent, ils disent n’importe quoi, c’est absurde ». Les individus cherchent à refouler toute cette vision de cauchemar, peu glorieuse pour eux, au plus profond d’eux-mêmes. Ces mécanismes d’autodéfense, face à un problème très grave ou très chargé émotionnellement, sont assez complexes et souvent inconscients. On se cherche des excuses, des justifications, jusqu’à, des fois, perdre en partie la raison. On peut se rappeler cette femme politique qui s’est réfugiée dans le mysticisme (elle prétendait discuter avec des divinités), après avoir été jugée responsable de la mort de dizaines d’humains, suite à l’utilisation de sang porteur du SIDA pour des transfusions dans les années 1980. La charge émotionnelle était tellement forte qu’elle a tout refoulé.
Des militants végétaliens, au Royaume-Uni notamment, passent des années en prison pour avoir détruit des laboratoires pratiquant la vivisection, des boucheries, des abattoirs, etc.. Ils « sacrifient » leur vie à ce « problème sans importance ». Certains refusent de s’asseoir dans des fauteuils en cuir ou de tenir dans leur main un sandwich au jambon. Pour eux c’est une barbarie sans nom d’utiliser la peau d’un cadavre (d’animal non-humain) pour en faire un meuble ou de mettre un organe de ce cadavre entre deux tranches de pain. Le décalage est tellement grand lorsqu’on accepte de prendre conscience de la barbarie faite aux animaux, c’est tellement énorme ! De la folie pure. D’ailleurs, plus un problème est important, plus on y est plongé, et moins on a la capacité de prendre du recul. Les gens mangent de la viande tous les jours, c’est tellement banalisé, alors comment arriver à leur faire prendre suffisamment de recul par rapport à ce qu’ils consomment chaque jour, ce qu’ils voient partout dans des assiettes et des bouches ? C’est tellement gros, tellement énorme, que (presque) personne n’y prête attention. Le choc émotionnel peut être fort, il faut savoir relativiser.
Pour les mêmes raisons, il est beaucoup plus facile aux personnes qui mangent de la viande, d’imaginer devenir végétariennes ou végétaliennes pour des raisons de santé car ceci les fait beaucoup moins culpabiliser par rapport à leur consommation de cadavres d’animaux et elles n’ont pas de remise en cause à faire par rapport à leur sentiment de supériorité face aux animaux. Avec tous les scandales actuels concernant l’alimentation omnivore (vache folle, listériose, dioxine, hormones, salmonelle, etc.) beaucoup d’humains finissent par s’inquiéter de ce qu’ils ont dans leurs assiettes, et à y regarder de plus près, peut-être finiront-ils par voir ce qui est dans leur assiette : un animal mort. S’il n’est pas rare que des humains deviennent végétariens pour leur santé, peut-être le resteront-ils en s’apercevant de ce que cela implique pour les animaux.
Souvent, si la discussion est dédramatisée, la plupart des humains omnivores reconnaissent très facilement que la consommation de viande n’est « pas très jolie », qu’il faut tuer des animaux et que c’est bien différent, moralement, que cueillir un fruit ou un légume. Ils le reconnaissent très bien si le problème est exposé de façon à ne pas les mettre en accusation (en parlant de notre expérience personnelle par exemple). Seulement, ça ne les motive pas à évoluer. Nous ne voudrions faire culpabiliser personne. Nous avons, nous aussi, mangé de la viande et nous n’en sommes pas très fiers. Qui est responsable ? On nous a mis de la viande dans la bouche dès notre sevrage, et si des fois, lorsque nous avons fait le rapprochement entre ce qu’on nous faisait manger et les animaux qui illustraient nos livres, nos animaux domestiques ou nos peluches en forme d’animaux, on nous a fait refouler nos sentiments. Les parents les plus ouverts ont accepté que, très tôt, nous arrêtions de manger des animaux. Les autres nous ont réprimés. Non par méchanceté, eux aussi ne faisaient que répéter ce qu’on leur avait appris, eux aussi ne faisaient que transmettre les traditions que leurs propres parents leur avaient données. La plupart croient qu’il est impossible de vivre sans viande, que c’est dangereux, ils essaient juste de refouler les sentiments de leurs enfants par peur que ceux-ci ne tombent malades. Nous ne faisons généralement que répéter ce que nous avons entendu, ce qu’on nous a appris. Ces pensées, nous les avons tellement intégrées, qu’on les voit comme notre identité, alors qu’elles ne viennent pas de nous-mêmes.
Nous ne voulons pas vous faire passer pour des criminels, si cela était le cas, sachez, je le répète, que nous aussi nous en avons mangé et que jusqu’à ce que nous réfléchissions sur ce problème, nous n’avions pas du tout conscience de faire quelque chose de mal en mangeant de la viande. Nous trouvions, comme la plupart des non-végétariens que la viande avait bon goût (on nous avait appris à le trouver bon). Mais nous avons vu qu’il était possible de bien vivre sans tuer des êtres qui nous ressemblent trop : leur cerveau, leur cœur, leur langue, leurs muscles, leurs os et leurs entrailles ressemblent trop aux nôtres pour que nous puissions continuer à en manger en toute tranquillité. Nous voyons bien qu’ils éprouvent des sentiments et des sensations, que lorsqu’ils sentent qu’on va leur faire mal et les tuer, ils sont terrifiés.
Notre tâche n’est pas facile, il faut que nous arrivions à motiver les non-végétariens à changer leurs habitudes sans les faire culpabiliser. Si nous savions quoi dire pour y arriver, nous le ferions et nous ne dirions que ces phrases magiques. Seulement, nous ne savons pas comment faire pour éveiller les consciences sur ce problème sans que certaines personnes omnivores ne se sentent agressées (toutes ne réagissent pas par la défensive. Certaines cherchent vraiment à discuter et à regarder le problème en face). Si nous ne parlons pas du sujet, les animaux continueront à se faire massacrer, les gens n’y prêteront pas attention. L’importance d’une chose est seulement fonction de la valeur qu’on lui accorde. Par exemple, la mort d’une personne nous touche lorsque nous la connaissions et que nous étions liés avec, alors que la mort d’un inconnu nous indiffère presque. Dans les deux cas des êtres conscients sont concernés, mais nous ne réagissons pas pareil. Pour le sort des animaux, le but est de faire passer les personnes indifférentes aux morts que provoque leur consommation de viande, à la prise en compte des conséquences de leur acte.
Nous savons que beaucoup seraient volontiers végétariens ou végétaliens s’ils avaient une information correcte sur ces alimentations, si l’organisation sociale donnait le choix des repas dans les entreprises, les cantines scolaires et les restaurants. Faire évoluer les mœurs est difficile lorsque chaque jour on nous rabâche le contraire de ce que nous disons, que la culture qui vous a été transmise par la tradition vous pousse à nier toute considération aux animaux non-humains. Que faut-il faire pour que vous preniez en compte les animaux autrement que pour les manger ? Donnez-nous des solutions !
COMMENT PRODUIRE DES MILLIARDS D’ŒUFS ? L’EXPLOITATION DES POULES PONDEUSES
Une vie de frustration, de douleurs et de stress. C’est à cela que se résume l’existence d’une poule de batterie ; à cela et aux souffrances multiples qui en sont le corollaire. Il s’agit d’une évidence confortée par de nombreuses études scientifiques et du comportement.
A l’origine le terme « élevage en batterie » n’était utilisé que pour les poules, réparties dans des batteries de cages, empilées sur plusieurs rangées. C’est l’archétype du « hors-sol », système productiviste qui nie l’existence de l’animal en tant qu’être sensible, sacrifiant sans la moindre hésitation le bien-être de centaines de millions d’individus à la seule rentabilité économique. Pourquoi les laisser bouger ? Etendre une aile ? Faire un nid ? Picorer comme n’importe quelle poule de basse-cour ?
Et pourtant c’est, de tous les problèmes, le plus facile à résoudre. Il vous suffit de choisir des œufs de poules ayant vécu en plein air. Sur la moyenne d’œufs achetés annuellement par un français, cela ne vous coûtera que 20 Euros de plus par an !
- Voyage au bout de l’horreur : Les œufs fécondés destinés à la production de poules sont placés en couvoirs industriels. En ce qui concerne les poules pondeuses, les femelles représentent moins de 50% des éclosions. Les mâles ne pondent pas et ne deviennent jamais des poulets de chair car il ne s’agit pas des mêmes races. Ils sont donc inutiles et leur destruction est programmée. Poussin d’un jour, ils vont, par dizaines de millions, sur des tapis roulants soit jusqu’à une broyeuse où la mort les attend, soit dans de grands sacs en plastique où ils étoufferont lentement, soit, jetés vivants dans des bennes à ordures et sont ensevelis sous les déchets, soit, gazés, écrasés au bulldozer ou enterrés vivants, ...
- Une industrialisation à outrance : Les poules, elles, arrivent à l’âge de 21 jours dans les élevages, dont la capacité est passée de 10 000 à 30 000 poules il y a quelques années à 150 000 à 300 000 poules actuellement. Dans les immenses hangars de cages en batterie, qui peuvent contenir 80 000 poules, un éclairage complètement artificiel sert à accélérer la ponte. Jamais les poules n’ont le repos que leur accorde normalement le rythme des jours et des saisons. Tout est automatisé : deux tapis roulants évacuent chacun les fientes et les œufs, un autre apporte la nourriture. Personne n’approche du fond du hangar pour éviter les mouvements de panique souvent mortels chez ces animaux totalement perturbés. Par contre, si une poule – ou dix ou cent – meurt tout au fond, personne ne voit rien de son agonie ou de son déchiquetage par les congénères : on risquerait de perdre plus d’animaux, donc d’argent, en allant les surveiller. Et si le nombre d’œufs est globalement constant, pourquoi se déranger ?
Il faut que les œufs ne cassent pas – d’où l’extrême finesse des grillages sur lesquels reposent les pattes des gallinacés. Le grillage est en pente pour laisser rouler les œufs vers l’extérieur, et les poules doivent constamment bloquer leurs pattes. Il en résulte plus qu’un inconfort permanent : une forte et constante douleur dans les pattes. Sur ces treillis métalliques fins et insalubres, les poules souffrent de fissures, de lésions et d’hyperkératose (corne envahissante). En dehors des maladies, les pattes sont la principale source de souffrance physique des poules pondeuses.
- Le manque d’espace : Pour une rentabilité maximale, il faut faire tenir le maximum d’oiseaux dans le minimum d’espace « vital ». La taille habituelle d’une cage est de 45 par 50 cm, pour cinq ! Et l’envergure moyenne (les deux ailes étendues) d’une poule est de 75 cm. En clair, voler, non. Etendre ou battre une aile, non plus. Même en vertical, les mouvements de tête habituels sont limités par la hauteur moyenne de 35/40 cm. Il est également peu envisageable de marcher. Parfois des poules restent bloquées dans un coin, près de la nourriture. A tel point que leurs ongles se referment autour des fils de métal. Elles ne peuvent plus dégager leurs pattes et sont arrachées du grillage lors du ramassage pour l’abattoir.
Ici, en cas d’agressions – très nombreuses vu le stress – il n’y a pas d’espace pour fuir. Les poules s’ennuient, elles piquent donc tout ce dont elles peuvent se saisir, comme une petite barbule de plume, au risque de blesser leurs voisines jusqu’au sang. Cela ne se produirait jamais en liberté. La fausse solution qu’ont trouvée les éleveurs industriels au manque d’espace et à l’inactivité, c’est le débecquage – il existe aussi chez les poulets « de chair ». On coupe une partie du bec avec une lame chauffante dont la température est très élevée ; ça brûle toujours, intensément. Mais si la lame n’est pas assez chaude, ça cautérise mal. Parfois les becs sont arrachés lors de cette atroce opération.
L’odeur est pestilentielle. Quel que soit le mode d’évacuation des fientes, des déjections restent collées au grillage avec des fragments de plumes – d’où les maladies respiratoires et les blessures et infections des pattes. Cette méthode d’élevage ne permet pas de nettoyage complet, sauf quand le hangar est « vidé », toutes les 72 semaines. Ce qui donne un tableau facile à imaginer… Et le bruit est infernal : des dizaines de milliers de caquètements en permanence…
- Ennui et rationnement : Une poule n’a ni sol à gratter, ni graine à picorer, ni espace, ni matériau pour construire un nid. Cette frustration permanente exacerbe l’agressivité et la folie. La nourriture uniforme et industrielle arrive automatiquement. Elle est à base de céréales (en principe, les farines de cadavres ne sont plus autorisées), plus des produits chimiques et médicaments préventifs, antibiotiques et anti-dépresseurs notamment ! Elle est réduite au minimum : économies ! Pendant toute leur vie en cage, les poules peuvent ne recevoir que 70% de la quantité normale de nourriture. On les affame parfois un jour sur deux et on rationne leur eau. De l’aveu des aviculteurs, ces privations provoquent aussi un stress !
- Les maladies : Les médicaments n’empêchent pas les poules de souffrir potentiellement d’une vingtaine de maladies. Dans de telles conditions d’entassement et de salubrité douteuse, qui s’en étonnerait ?
L’aération est capitale dans un hangar où sont entassés des dizaines de milliers d’animaux. Mais en cas de fortes chaleurs, elle peut ne pas suffire. En France, durant l’été 1994, plus d’un million de poules sont mortes du manque d’aération !
- Des œufs sains ? : Les scientifiques ont noté l’augmentation des salmonelloses dues à des problèmes sanitaires, dans la production d’œufs notamment. Le journal « Le Monde » du 8 mars 1997 annonçait que quatre antibiotiques soignant la salmonellose n’avaient plus d’effet sur l’humain. Dans les élevages, de trop grandes quantités ont été administrées aux animaux en prévention des maladies ou pour accélérer leur croissance, et absorbées ensuite par des consommateurs dans la viande et les œufs. L’ingestion répétée de ces doses infimes (mais parfois cancérigènes) a rendu l’antibiotique équivalent inefficace sur l’humain.
La ponte se fait à un rythme infernal : 265 œufs par an et par poule, contre une moyenne « normale » de 170 et une douzaine pour les espèces sauvages. Les poules pondeuses sortent des cages épuisées et très amaigries.
Et il y a une promiscuité forcée. Les scientifiques ont remarqué que les poules se retiennent de pondre jusqu’à une demi-heure à chaque œuf. Ce phénomène très douloureux est motivé par la peur des autres poules et l’impossibilité de protéger sa progéniture.
- La fin du calvaire : Le ramassage brutal opéré par les équipes spécialisées va très vite. Comme elles n’ont pas eu d’exercice pendant leur captivité, les pondeuses ont peu de muscles efficaces et des os friables. A l’arrivée à l’abattoir, trois poules sur dix ont des fractures, d’autres des déboîtements d’ailes, des luxations et blessures diverses. Elles sont accrochées par les pattes sur une chaîne mobile, plongées dans de l’eau électrifiée pour les étourdir puis égorgées manuellement ou à l’aide d’une machine automatique, et une fois que le sang a cessé de couler, elles sont plongées dans de l’eau bouillante pour faciliter le déplumage. Le tout prend un peu plus de 6 mn, et celles qui « attendent » leur tour ont tout loisir d’observer ce qui se passe. Mais, soit que les oiseaux sont trop petits, soit que le niveau du bac électrifié est trop bas, soit que le voltage utilisé est trop faible, un certain nombre sont égorgées conscientes. D’autres, trop petites ou trop grandes, seront tranchées au niveau des yeux ou du gosier. D’autres encore « ratent » simplement l’égorgeur automatique. Ce sont chaque jour des centaines d’oiseaux qui plongent donc vivants dans l’eau bouillante.
Vu leur état pitoyable, les carcasses des poules pondeuses ne sont pas présentables pour la consommation. Les morceaux de viande récupérables deviennent donc des bouillons cube « à la poule », des soupes au poulet, remplissages de raviolis, saucisses de volailles, …
La tuerie se passe de la même façon pour les canards, les dindes, les pintades…
Les poulets « de chair », sélectionnés essentiellement pour leur vitesse de croissance, sont élevés en 7 à 8 semaines, au cours desquels leur poids sera multiplié par 50 ou 60. Ces conditions d’élevage provoquent la mort avant terme de 20 millions de poulets chaque année au Royaume-Uni, malgré l’utilisation massive d’antibiotiques et d’antiparasitaires.
- Ce que vous pouvez faire, à défaut de devenir végétalien :
* Achetez exclusivement des œufs de poules élevées en « plein air » et « libre parcours », ce qui garantit de meilleures conditions de vie. Ne vous laissez pas leurrer par les labels rusés : « de ferme », « œufs frais », « œufs datés », …
* Persuadez d’autres personnes de vous imiter.
* Au restaurant, refusez les plats avec des œufs et dites pourquoi. La pression économique est inefficace si elle n’est pas exprimée et expliquée.
* Faites attention aux aliments industriels tels les pâtes aux œufs frais (la plupart des pâtes alimentaires sont à 100% à base de blé dur), mayonnaises, pâtisseries, gâteaux secs, flans et autres desserts. A eux seuls, ils représentent plus du tiers des œufs de batterie consommés en France. Portez-en quelquefois jusqu’à la caisse, puis « réalisez » soudain qu’il y a des œufs de batterie dedans et expliquez pourquoi vous ne les achetez pas. Faites de même chez votre pâtissier.
* Enfin, écrivez aux fabricants – leurs services consommateurs sont inscrits sur les emballages – pour motiver votre rejet définitif, sauf s’ils décident de changer d’approvisionnement et le signalent clairement. Il faudra du temps et de la persévérance mais nous pouvons les faire changer.
* Il y a de plus en plus d’œufs « libres » en rayon, qu’ils soient bio ou pas. Et plus la demande sera forte, plus les prix baisseront.
* le plus efficace reste toutefois de devenir végétalien …
LES COCHONS
Les truies passent l’essentiel de leur vie enceinte. Elles ont deux portées par an soit environ 18 porcelets qu’elles allaitent pendant deux semaines (au lieu de huit semaines normalement). Une semaine après qu’on leur ait retiré leur portée, on les immobilise et on les met en présence d’un verrat. Elles restent dans des châssis de fer nuits et jours pendant 16 semaines jusqu’à ce qu’elles mettent bas. Le sol de la partie arrière est fait de lattes pour que les excréments et l’urine passent à travers, cela leur fait mal aux pattes arrières ; pour l’éviter, elles sont amenées à se mettre dans des positions telles qu’elles boitent et ont des douleurs de la colonne vertébrale.
A l’accouchement, elles sont transférées dans des cages spéciales dans lesquelles elles ne restent que 7 jours, après quoi c’est reparti pour un tour.
Les porcelets, eux, lorsqu’ils atteignent 2 à 3 semaines, sont transférés dans des cages en batterie sur trois rangées superposées. Ce sont de toutes petites boîtes où ils ne peuvent guère bouger. Selon certaines méthodes d’élevage, ils y resteront jusqu’à ce qu’on les convoie à l’abattoir.
Les cochons sont réputés pour être des êtres sociables, mais à cause des conditions de surpopulation, parce qu’ils sont privés d’espace suffisant, d’exercice et de confort, ils en arrivent à se mordre les uns les autres, la queue notamment. Alors on la leur coupe.
Ils souffrent de stress à cause du confinement, et souvent en meurent. C’est connu sous le nom de « syndrome de stress porcin » : rigidité, peau pustuleuse, halètement, anxiété et souvent – mort subite.
LE LAIT, LA VACHE ET LE VEAU
Pour pouvoir survivre, l’industrie laitière perpétue deux mythes. Le premier est qu’on ne prend à la vache que le surplus de lait, lorsque le veau est rassasié. Le deuxième est que le lait de vache est nécessaire pour la santé des humains
- Lait riche… pauvre vache
Pour fournir, au marché non-végétalien, le lait, le fromage, la crème et le beurre, on enlève le veau à sa mère à peine quelques jours après sa naissance, et parfois immédiatement. Souvent la vache pleure et cherche son veau pendant des jours (idem pour le veau). Mais après qu’on lui ait pris son petit, elle va devoir donner encore.
Si la vache fournit continuellement du lait, c’est parce qu’elle est soumise à une grossesse chaque année. La première a lieu à (plus ou moins) 2 ans, et chaque grossesse dure 9 mois. Après avoir donné naissance, elle sera traite durant 10 mois, mais dès le troisième mois, elle sera de nouveau fécondée, le plus souvent par insémination artificielle (65 à 75% des conceptions). C’est seulement 6 à 8 semaines après qu’elle n’ait plus de lait qu’elle devra de nouveau donner naissance. Donc, durant 6-7 mois chaque année, la vache est traite alors qu’elle est enceinte.
Véritable machine à lait, elle sera forcée à fournir jusqu’à 6000 litres par an, soit 5 fois plus qu’une vache dans les années 50. Traite 2 et parfois 3 fois par jour, ses mamelles pleines peuvent peser l’équivalent de 50 paquets de sucre, et dans des cas extrêmes il arrive qu’elles traînent sur le sol. Son estomac, conçu pour digérer de l’herbe, ne peut pas supporter les grandes quantités nécessaires pour un tel rendement, alors pour augmenter la production, on lui donne également des pastilles concentrées de protéines de céréales, importées ou non. Malgré cela, sa production risque de dépasser son appétit, et elle devra « prendre sur ses propres réserves », ce qui est souvent cause de maladies et de malnutrition. On estime que 25% des vaches sont traitées pour boiteries et maladies des pattes, causées par la mauvaise alimentation et souvent aggravées par l’environnement des fermes industrielles, où de grands troupeaux passent de longues périodes sur le béton, avec leurs pieds immergés dans les excréments. Avec 60 à 100 vaches, représentant le nombre « classique » d’un troupeau sur un élevage, produisant chacune 40 litres d’excréments par jour, il se crée un foyer d’infection et seule une grande quantité d’antibiotiques, drogues et suppléments nutritionnels permet d’éviter les maladies, fièvres, pneumonies, etc..
La vache laitière sera poussée jusqu’à sa limite. Quand, après 3 années de souffrance et d’exploitation (en moyenne, alors que son espérance de vie est de 20 ans), son rendement baissera, elle sera immédiatement envoyée à l’abattoir, et finira entre deux tranches de pain ou en boite. Près de 80% de la viande de « bœuf » est en fait issue de sous-produit de l’industrie laitière (vaches laitières ou veaux tués).
- Et que devient le veau ?
Certains veaux seront séparés de leur mère dès le premier jour de leur vie (en liberté, le veau téterait pendant près d’un an, mais l’industrie laitière se fiche de cela), d’autres resteront quelques jours. Mais tous devront subir l’un des quelques sorts possibles :
- Les veaux les plus faibles seront abattus presque immédiatement : pour fournir de la viande pour animaux, farine animale, et autres aliments ; ou pour extraire la présure, qui provient de l’estomac, utilisée pour fabriquer presque tous les fromages.
- Certaines femelles seront nourries de substituts de lait et subiront un développement forcé pour devenir à leur tour vaches laitières, et entreront à l’âge de 18-24 mois dans le cycle des grossesses continuelles.
- Certains seront destinés à produire de la viande de bœuf, envoyés dans des parcs à engraisser puis abattus après 11 mois, souvent sans avoir connu les pâturages. Beaucoup sont envoyés dès l’âge d’une ou deux semaines dans des unités d’engraissement intensif où ils seront gavés principalement de céréales jusqu’à l’obésité et maintenus à l’étroit pour éviter la moindre perte de poids.
- Quelques-uns seront sélectionnés pour devenir des taureaux reproducteurs, et passeront leur vie confinés dans l’isolement, fécondant des vaches ou, plus probablement, des éprouvettes pour l’insémination artificielle. Les taureaux âgés sont souvent castrés avant d’être enfermés et engraissés pour la boucherie.
- Les autres seront destinés à la viande de veau, passant leur misérable vie dans d’étroits boxes (60 cm x 150 cm), sur des lamelles de bois, sans paille. Ils n’ont même pas la place pour se retourner ou se nettoyer. Ils sont exclusivement nourris d’un liquide à base de substitut de lait ; on leur crée volontairement des carences en fer et en fibres qui provoquent l’anémie, afin que leur chair ait la couleur blanche exigée par la mode ; pour chercher à satisfaire leur système digestif de ruminants, ils rongeront le bois de leurs boxes et mangeront leurs propres poils. On ne leur donne pas de paille car ils la mangeraient. On leur administre de grandes quantités d’hormones et d’antibiotiques pour accélérer leur croissance et prévenir les nombreuses maladies causées par le stress du confinement et la malnutrition, mais ils souffriront cependant de pneumonies, diarrhées, carences en vitamines, ulcères et abcès, teignes, septicémies. Après 14 semaines, les pattes à peine capables de les supporter, ils seront conduits à travers de longues et pénibles distances jusqu’à l’abattoir.
- Nécessaire pour les humains ?
Si le lait apporte effectivement certains éléments nécessaires à la vie, tous ces éléments peuvent être trouvés dans les végétaux. L’humain est pratiquement le seul animal qui boit du lait après son sevrage. Il n’est pas très bien adapté à cette consommation, le lait restant peu digeste pour de nombreuses personnes. La consommation de lait n’est pas une pratique ancestrale, l’humain est resté sans des centaines de milliers d’années. Il a été établi que 90% de la population mondiale ne peut pas le digérer correctement à cause d’une déficience d’enzyme lactase, nécessaire pour la digestion des sucres du lait (lactose). Cette déficience est presque anodine pour ceux qui ne boivent pas de lait mais dans le cas contraire, cela peut entraîner des diarrhées chroniques ou occasionnelles, des boursouflures, des flatulences, des douleurs abdominales et des possibilités pour les femmes âgées d’ostéoporose (infection des tissus osseux plus ou moins généralisée).
L’intolérance au lait est la plus fréquente des allergies alimentaires. Les symptômes incluent l’asthme, l’eczéma, les éruptions cutanées, les gènes nasaux et sinaux chroniques, les angines, les colites ulcéreux, les irrégularités intestinales, l’hyperactivité, la dépression, les migraines et certaines formes d’arthrite. Le lait des vaches peut causer des saignements gastro-intestinaux chez les enfants, menant à l’anémie ; il y a aussi un lien prouvé entre la consommation de lait et les cataractes chez les personnes âgées. Près de 16 millions de français souffriraient d’une allergie au lait (toutes causes confondues), ce qui représente 27% de la population. L’allergie au lait toucherait jusqu’à 7% des enfants des pays européens, et 35% des bébés dans le monde. Même les laits « maternisés » peuvent déclencher des allergies de ce genre.
Une étude de M. Tember et A. Tamm « Absorption de lactose et infarctus du myocarde » (British Medical Journal, 09/01/88) a conclu que les gens qui boivent 3 verres de lait par jour ont 4 fois plus de risque d’infarctus du myocarde (« crise cardiaque ») que ceux qui en boivent moins, indépendamment de l’hypertension, de l’excès de poids, du fait de fumer et des antécédents familiaux. Les acides gras saturés sont bien connus pour être néfastes (maladies du cœur, obésité, etc.) ; les produits laitiers constituent la moitié de l’apport en graisses saturées, l’autre moitié provenant principalement de la viande.
Selon le docteur Alexandre Minkowski, professeur en néonatalogie à Paris, le lait de vache expose le nourrisson à des troubles métaboliques marqués, notamment par des concentrations trop élevées de deux acides aminés dans le sang : la tyrosine et la phénylalanine, ce qui constitue un danger potentiel pour le cerveau (risque de retard mental). D’autre part, les courbes de croissance d’enfants nourris au lait de vache sont plus ascendantes que celles de bébés nourris au sein (croissance trop rapide). Rappelons les conséquences possibles de cette croissance accélérée du squelette : anomalies osseuses, et formation d’un terrain préostéoporotique.
Les veaux et les vaches endurent toute cette souffrance pour produire pour les humains une nourriture qui ne leur est pas nécessaire. Si les bébés humains étaient nourris du lait de leur mère, les veaux pourraient l’être aussi ! Pour les enfants et les adultes qui le désirent, des laits végétaux à base de soja, de noisette, d’amande, de riz, d’avoine, etc. existent.
LE TRANSPORT
Les animaux de boucherie arrivent entassés par trains ou par camions jusqu’au lieu de sacrifice. Certains subissent de très longs trajets de transport, avec tout ce que cela peut comporter de souffrance (être enfermés et entassés sans possibilité de se mouvoir, avoir chaud ou froid, faim et / ou soif, stationner dans les excréments). A titre indicatif, un bœuf perd en moyenne une trentaine de kilos pendant le transport et l’attente précédant l’abattage. Le déchargement des animaux se fait dans des conditions déplorables qui entraînent des fractures et des lésions diverses.
Pour leur éviter le stress qui agit négativement sur la qualité de la viande, on leur administre des calmants (ce n’est pas par pitié pour les animaux, il ne faut pas rêver…), ce qui exige un délai pour l’abattage de 24 heures… qui entraînent des frais et réduisent d’autant les profits. Et ici, comme ailleurs, le profit passe avant toute autre chose.
L’ABATTOIR
La loi fait obligation de tuer les « animaux de boucherie » dans des abattoirs (sauf dérogations pour les égorgements rituels musulmans ou juifs). Et aussi de les étourdir avant de les tuer (les animaux non tués en abattoir reçoivent 4 à 5 coups de bâton sur la nuque pour être « assommés »). Pour cela, on utilise le plus souvent des tenailles électriques de 90 volts (pour les porcs, les veaux, les moutons) ou bien encore un appareil électrique en forme de fer à cheval ressemblant à un gros aimant (pour les veaux, les vaches, les moutons) ou bien un « pistolet à retenue » où un cylindre de métal vient percuter très violemment la tête de l’animal.
Les animaux deviennent fous lorsqu’ils s’aperçoivent, quand ils le peuvent, que leurs congénères sont battus et électrocutés. Il est scandaleux que des personnes puissent prétendre que les animaux en abattoir sont tués sans souffrance.
Les animaux sont étourdis pour que leur cœur continue à battre et aide ainsi le sang à s’écouler après l’égorgement. Il s’écoule alors par un conduit et est recueilli dans un bac - rien ne se perd. Les employés en tenue bleue ou blanche, selon leur poste, s’affairent sur des tables de travail, suspendent des quartiers de viande à des crocs. Ils scient, découpent, désossent. Les ouvriers ne font même plus attention à ce décor. Ici, pas de sentimentalisme, ni laisser-aller, c’est l’industrie et le travail à la chaîne.
Les boyaux sont traités à part, vidés. Les peaux sont étendues sur le sol et salées : elles seront transformées en sacs à main, valises et chaussures. Les os sont broyés pour faire – entre autre – des engrais. Tout cela a été organisé rationnellement avec tapis roulant, rails garnis de crochets. Les carcasses défilent à une grande vitesse. Direction : le frigo de stockage en attendant l’expédition. Certaines sont conservées entières, d’autres désossées. L’expédition des carcasses ne doit être faite qu’après le délai légal de réfrigération, appelé « ressuage » (24 heures).
L’abattoir est une machine à tuer les animaux industriellement, d’une façon planifiée. On a peine à imaginer que ce sont des êtres conscients qui sont traités de la sorte. Pourtant la réalité est bien là :
Témoignage d’une étudiante en médecine vétérinaire en stage dans un abattoir. Vécu et écrit par C. M. Haupt.
« Seuls les animaux transportés conformément à la Loi sur la protection des animaux (LPA) et possédant une marque d'identification en règle sont acceptés ». C'est l'inscription qui figure au-dessus de la rampe en béton. Au bout de cette rampe gît raide et blafard un cochon mort. « Oui, certains meurent déjà durant le transport. Par collapsus cardiaque ».
J'ai emporté une vieille veste ; bien m'en a pris. Pour un début d'octobre, il fait un froid glacial. Ce n'est pourtant pas pour cette seule raison que je frissonne.
J'enfonce les mains dans mes poches, m'efforce de montrer un visage avenant pour écouter le directeur de l'abattoir m'expliquer qu'on ne procède plus depuis longtemps à un examen complet de chaque bête, seulement à une inspection. Avec 700 cochons par jour, comment cela serait-il possible ?
« Ici, il n'y a aucun animal malade. Si c'est le cas, nous le renvoyons tout de suite, avec une amende salée pour le livreur. S'il le fait une fois, il ne le fera pas une deuxième ». Je baisse la tête comme pour m'excuser – tenir, simplement tenir, tu dois tenir ces six semaines – que deviennent les porcs malades ?
« Il y a un abattoir tout à fait spécial ». Je possède une certaine expérience concernant les règlements relatifs au transport et sais à quel niveau la protection des animaux est à présent reconnue. Ce mot, prononcé dans un tel endroit, a une résonance macabre. Dans l'intervalle, un gros camion d'où s'échappent des cris stridents et de lugubres grognements est venu se ranger face à la rampe. Dans la pénombre du matin, on distingue mal les détails ; toute la scène revêt un aspect irréel et rappelle quelque sinistre reportage de guerre montrant des rangées de wagons gris et les visages blêmes et terrorisés d'une masse de gens humiliés, sur la rampe de chargement, embarqués par des hommes en armes. Tout d'un coup, je m'y trouve dedans, et c'est comme quand on fait un cauchemar dont on se réveille couvert de sueurs froides : au milieu de ce brouillard, par un froid glacial, dans ce demi-jour sale du bâtiment immonde, bloc anonyme de béton, d'acier et de catelles blanches, tout derrière, à la lisière du bois recouvert d'une légère gelée ; ici se passe l'indicible, ce dont personne ne veut rien savoir.
Les cris, c'est la première chose que j'entends chaque matin lorsque j'arrive pour obtenir mon certificat de stage de pratique. Un refus de ma part d'y participer aurait signifié pour moi cinq années d'études perdues et l'abandon de tous mes projets d'avenir. Mais tout en moi – chaque fibre, chaque pensée – n'est que refus, répulsion et effroi, et la conscience d'une insurmontable impuissance : devoir regarder, ne rien pouvoir faire, et ils vont te forcer à coopérer et te souiller de sang. De loin déjà, quand je descends du bus, les cris des cochons me transpercent comme un poignard. Pendant six semaines, des heures durant, sans répit, ces cris retentiront à mes oreilles. Tenir. Pour toi, cela aura une fin. Pour les animaux, jamais.
Une cour déserte, quelques camions frigorifiques, des moitiés de cadavres de cochons pendus à des crochets, aperçus à travers une porte, dans un éclairage aveuglant. Tout ici est d'une propreté méticuleuse. Cela, c'est la façade. Je cherche l'entrée ; elle est située de côté. Deux bétaillères passent devant moi, ses phares jaunes allumés dans la brume matinale. La lumière blanche des fenêtres éclairées me montre le chemin. Après avoir monté quelques marches, je me retrouve à l'intérieur, où tout est carrelé en blanc. Pas d'âme humaine en vue. Ensuite un corridor, blanc lui aussi, et le vestiaire pour les dames. Il est bientôt 7 heures, et je me change : du blanc, du blanc, du blanc ! Mon casque d'emprunt oscille d'une façon grotesque sur mes cheveux raides. Mes bottes sont trop grandes. Je retourne dans le corridor et me range du côté des vétérinaires. Aimables salutations. « Je suis la nouvelle stagiaire ». Avant de continuer, les formalités. « Enfilez un vêtement chaud, allez chez le directeur et remettez-lui votre certificat de santé. Le Dr XX vous dira alors où vous commencerez ».
Le directeur est un homme jovial, qui me parle d'abord du bon vieux temps où l'abattoir n'était pas encore privatisé. Puis s'interrompant à regret, il décide de me faire visiter personnellement les lieux. C'est ainsi que j'arrive sur la rampe. A ma droite des enclos de béton fermés par des barres en fer. Quelques-uns sont prêts, remplis de cochons. « Nous commençons ici à 5 heures du matin ». On les voit se bousculant ici ou se traînant là ; quelques groins curieux arrivent à passer à travers la grille ; des petits yeux méfiants, d'autres fuyants ou en plein désarroi. Une grande truie se jette sur une autre ; le directeur se saisit d'un bâton et la frappe plusieurs fois sur la tête. « Autrement, ils se mordent méchamment ».
En bas de la rampe, le transporteur a abaissé le pont du camion, et les premiers cochons, apeurés par le bruit et la raideur de la pente, se poussent vers l'arrière ; mais entre-temps un convoyeur est monté à l'arrière et distribue des coups de trique en caoutchouc. Je ne m'étonnerai pas, plus tard, de la présence de tant de meurtrissures rouges sur les moitiés de cochons.
« Avec les cochons, il est interdit d'utiliser le bâton électrique » explique le directeur. Certains animaux tentent quelques pas hésitants, en trébuchant parfois. Puis les autres suivent. L'un d'entre eux glisse et sa patte se coince entre la rampe et le pont ; il remonte et continue en boitant. Ils se retrouvent à nouveau entourés de barres de fer qui les mènent inévitablement à un enclos encore vide. Lorsque les cochons, se trouvant à l'avant, arrivent dans un coin, ils s'y entassent en bloc et s'y cramponnent avec fermeté, ce qui fait pousser à l'employé des jurons de colère et cravacher les cochons de l'arrière qui, pris de panique, essaient de grimper par-dessus leurs compagnons d'infortune. Le directeur hoche la tête : « Écervelé, simplement écervelé. Combien de fois ai-je déjà dit qu'il ne servait à rien de frapper les cochons se trouvant à l'arrière ! ».
Pendant que j'assistais, pétrifiée, à cette scène – rien de tout cela n'est réel, tu rêves – le directeur se retourne pour saluer le convoyeur d'un autre transport, arrivé en même temps que le précédent et qui s'apprête à décharger. La raison pour laquelle tout est allé ici beaucoup plus vite, mais avec beaucoup plus de cris, je l'ai tout de suite vu : derrière les porcs qui trébuchent, un deuxième homme apparu dans l'aire de déchargement assène, pour accélérer l'opération, des chocs électriques. Je regarde l'homme, ensuite le directeur : « Vous savez pourtant que c'est interdit avec les porcs ». L'homme regarde étonné, puis range l'instrument dans sa poche.
Par derrière, quelque chose se frotte à moi à la hauteur des genoux ; je me tourne et j'aperçois deux yeux bleus vifs. Je connais de nombreux amis des animaux qui s'enthousiasment pour les yeux animés de sentiments si profonds des chats, pour le regard indéfectiblement fidèle des chiens. Mais qui parle de l'intelligence et de la curiosité perceptibles dans les yeux d'un cochon ? Bientôt, j'apprendrai à les connaître, ces yeux, mais d'une autre manière : muets de peur, abattus de douleur, puis vidés, brisés, exorbités, roulant sur un sol maculé de sang.
Une pensée me traverse l'esprit comme un couteau acéré, et elle me reviendra des centaines de fois au cours des semaines suivantes : Manger de la viande est un crime – un crime...
Après un tour rapide de l'abattoir, je me retrouve dans la salle de pause. Une fenêtre qui s'ouvre sur la salle d'abattage laisse voir des cochons couverts de sang, suspendus, défilant dans une chaîne sans fin. Indifférents, deux employés prennent leur petit déjeuner. Du pain et du saucisson. Leurs tabliers blancs sont couverts de sang. Un lambeau de chair est accroché à la botte de l'un d'eux. Ici, le vacarme inhumain qui m'assourdira lorsque je serai conduite dans la salle d'abattage est atténué. Je reviens en arrière, car une moitié de cadavre de cochon a tourné le coin à vive allure et a heurté la moitié suivante. Elle m'a frôlée, chaude et molle. Ce n'est pas vrai – c'est absurde – impossible.
Tout me tombe dessus en une fois. Les cris perçants. Le grincement des machines. Le bruit métallique des instruments. La puanteur pénétrante des poils et des peaux brûlés. L'exhalaison de sang, et d'eau chaude. Des éclats de rire, des appels insouciants des employés. Des couteaux étincelants passant au travers des tendons pour pendre aux crochets des moitiés d'animaux sans yeux dont les muscles sont encore palpitants. Des morceaux de chair et d'organes tombent dans un caniveau par où du sang s'écoule en abondance, et ce liquide écœurant m'éclabousse. On glisse sur des morceaux de graisse qui jonchent le sol. Des hommes en blanc, sur les tabliers desquels le sang dégouline, avec, sous leurs casques ou leurs képis, des visages comme on peut en voir partout : dans le métro ou au supermarché. Involontairement, on s'attend à voir des monstres, mais c'est le gentil grand-père du voisinage, le jeune homme désinvolte qui déambule dans la rue, le monsieur soigné qui sort d'une banque. On me salue aimablement. Le directeur me montre encore rapidement la halle d'abattage des bovins, vide aujourd'hui. « Les bovins sont là le mardi ». Il me confie alors à une employée en déclarant qu'il a à faire. « Vous pouvez tranquillement visiter seule la halle d'abattage ». Trois semaines s'écouleront avant que je trouve le courage d'y aller.
Le premier jour n'est encore pour moi qu'une sorte de quart d'heure de grâce. Je vais m'asseoir dans une petite pièce à côté de la salle de pause et heure après heure, je découpe en petits morceaux des chairs provenant d'un seau d'échantillons qu'une main tachée de sang remplit régulièrement dans la halle d'abattage. Chacun de ces petits morceaux – un animal. Le tout est alors haché et réparti en portions, auxquelles on ajoute de l'acide chlorhydrique et que l'on fait cuire, pour le test de trichine. L'employée qui m'accompagne me montre tout. On ne trouve jamais de trichine, mais le test est obligatoire.
Le jour suivant, je me rends donc seule dans une partie de la gigantesque machine à découper les morceaux. Une rapide instruction – « Ici, retirer le reste des os du collier de l'arrière-gorge et séparer les nœuds des glandes lymphatiques. Parfois, un sabot pend encore à une patte, il faut l'enlever ». Alors, je découpe, il faut faire vite, la chaîne se déroule sans répit. Au-dessus de moi, d'autres morceaux du cadavre s'éloignent. Mon collègue travaille avec entrain, tandis que dans le caniveau tant de liquide sanguinolent s'accumule que j'en suis éclaboussée jusqu'au visage. J'essaye de me ranger de l'autre côté, mais là une énorme scie à eau coupe en deux les corps des cochons ; impossible d'y rester, sans être trempée jusqu'aux os. En serrant les dents, je découpe encore, mais il faut que je me dépêche, pour pouvoir réfléchir à toute cette horreur, et par-dessus le marché il faut que je fasse diablement attention de ne pas me couper les doigts. Le lendemain, j'emprunterai d'une collègue stagiaire qui a terminé son stage une paire de gants en métal. J'arrête de compter les cochons qui défilent devant moi, ruisselants de sang. Je n'emploierai plus de gants en caoutchouc. Il est vrai qu'il est répugnant de fouiller à mains nues dans des cadavres tièdes, mais si l'on se retrouve plein de sang jusqu'aux épaules, le mélange poisseux des liquides corporels pénètre de toute façon à l'intérieur des gants et rend ces derniers superflus. Pourquoi tourner des films d'horreur, quand tout cela se trouve ici ?
Le couteau est bientôt émoussé. « Donnez-le-moi, je vais vous l'aiguiser ». Le brave grand-père, en réalité un ancien inspecteur des viandes, me lance un clin d'œil. Après m'avoir rapporté le couteau aiguisé, il se met à faire la causette ici et là, me raconte une blague puis se remet au travail. Il me prend désormais un peu sous son aile et me montre quelques trucs qui facilitent quelque peu le travail à la chaîne. « Écoutez, ici tout cela ne vous plaît pas. Je le vois bien. Mais cela doit se faire ». Je ne peux pas le trouver antipathique. Il se donne beaucoup de mal pour me rassurer. La plupart des autres aussi s'efforcent de m'aider ; ils s'amusent certainement à observer ces nombreux stagiaires, qui vont et viennent ici, qui sont d'abord choqués, puis qui poursuivent en serrant les dents leur période de stage. Toutefois, ils demeurent bienveillants. Il n'y a pas de chicaneries. Il me vient à penser que – à part quelques exceptions – les personnes qui travaillent ici ne réagissent pas de façon inhumaine ; elles sont juste devenues indifférentes, comme moi aussi avec le temps. C'est de l'autoprotection. Non, les vrais inhumains sont ceux qui ordonnent quotidiennement ces meurtres de masse, et qui, à cause de leur voracité pour la viande condamnent les animaux à une vie misérable et à une lamentable fin, et forcent d'autres humains à accomplir un travail dégradant qui les transforme en êtres grossiers.
Moi-même, je deviens progressivement un petit rouage de ce monstrueux automatisme de la mort. Au bout d'un certain temps, ces manipulations monotones commencent à devenir automatiques, mais elles restent aussi très pénibles. Menacée d'étouffement par le vacarme assourdissant et l'indescriptible horreur omniprésente, la compréhension reprend le dessus sur les sens hébétés et se remet à fonctionner. Faire la différence, remettre de l'ordre, essayer de discerner. Mais cela est impossible.
Lorsque pour la première fois – en fait, le deuxième ou troisième jour – j'ai pris conscience que le corps saigné, brûlé et scié de l'animal, palpitait encore et que sa petite queue remuait toujours, je n'étais plus en mesure de me mouvoir. « Ils... ils bougent encore. », dis-je, même si en tant que future vétérinaire j'avais appris que c'était les nerfs. J'entends marmonner : « Mince alors, il y en a un qui a fait une faute, il n'est pas tout à fait mort ». Un frémissement spectral agite de partout les moitiés de bêtes. C'est un lieu d'horreur. Je suis glacée jusqu'à la moelle.
Rentrée à la maison, je me couche sur mon lit, les yeux au plafond. Passer les heures, les unes après les autres. Chaque jour. Mon entourage réagit avec irritation. « N'aie pas l'air si renfrognée ; fais donc un sourire. Tu voulais absolument devenir vétérinaire ». Vétérinaire, oui, mais pas tueuse d'animaux. Je ne peux pas me retenir. Ces commentaires. Cette indifférence. Cette évidence de meurtre. Je voudrais, je dois parler, dire ce que j'ai sur le cœur. J'en étouffe. Je voudrais raconter ce que j'ai vu sur le cochon qui ne pouvait plus marcher, progressant tant bien que mal sur son train arrière, jambes de côté ; sur les cochons qui reçoivent des coups de trique et de pied jusqu'à ce qu'ils finissent par entrer dans le box d'abattage. Ce que j'ai vu en me retournant : comment l'animal est scié devant moi et accroché en oscillant : morceaux de muscles partagés en deux parties égales à partir de l'intérieur des cuisses. Nombre d'abattages par jour 530, jamais je ne pourrai oublier ce chiffre. Je voudrais parler de l'abattage des bovins, de leurs doux yeux bruns, remplis de panique. De leurs tentatives d'évasion, de tous les coups et les jurons, jusqu'à ce que la misérable bête soit finalement prisonnière de l'enclos fermé par des barres de fer et une serrure à double tour, avec vue panoramique sur la halle où ses compagnons d'infortune sont dépouillés de leur peau et coupés en morceaux ; puis l'avancée mortelle, et dans le moment qui suit la chaîne que l'on accroche à une patte arrière et dont l'animal tente vainement de se débarrasser en la projetant vers le haut, tandis que, déjà, par en dessous, sa tête est tranchée. Des flots de sang qui giclent à profusion du corps sans tête, tandis que les pattes se recroquevillent… Raconter à propos des bruits atroces de la machine qui arrache la peau du corps, du geste du doigt, circulaire et automatisé, pour ôter le globe de l'œil de son orbite – artère sectionnée, saignante, coulant à flot à l'extérieur – et le jeter dans un trou à même le sol, où il disparaîtra parmi tous les « déchets ». Le bruit provenant des envois sur le dévaloir en aluminium usé, des abats retirés du cadavre décapité et qui ensuite, sauf le foie, le cœur, les poumons et la langue – destinés à la consommation – sont aspirés dans une sorte de collecteur d'ordures.
C'est vrai que je voudrais raconter qu'il arrive toujours qu'au milieu de ces montagnes visqueuses et sanguinolentes se trouve un utérus gravide, et que j'ai vu des petits veaux déjà tout formés, de toutes les tailles, fragiles et nus, les yeux clos, dans une enveloppe utérine qui n'est plus en mesure de les protéger – le plus petit aussi minuscule qu'un chat nouveau-né, et quand même une vache en miniature, le plus grand au poil tendre et soyeux, d'un blanc cassé, avec de longs cils autour des yeux, dont la naissance devait avoir lieu quelques semaines plus tard. « Est-ce que ce n'est pas un miracle, ce que la nature crée ? » constate le vétérinaire de service cette semaine-là, en jetant l'utérus avec le fœtus ensemble dans le gargouillant moulin à déchets. J'ai maintenant la certitude qu'aucun dieu ne peut exister puisque aucun éclair ne vient du ciel pour punir tous ces forfaits commis ici-bas, et que ceux-ci se perpétuent interminablement. Ni pour soulager la vache maigre et pitoyable qui, à mon arrivée à 7 heures le matin, se traîne à bout de force, au prix d'efforts désespérés, dans le couloir glacé, plein de courants d'air, et s'allonge juste devant le box de la mort ; pour elle, il n'existe aucun dieu, ni personne d'ailleurs, pour lui donner une petite tape pour l'aider. Avant tout, il faut traiter le reste des animaux prévus pour l'abattage.
Quand je quitte à midi, la vache est encore couchée et tressaille ; personne, en dépit d'instructions répétées n'est venu la délivrer. J'ai alors desserré le licou qui lui tranchait impitoyablement la chair et lui ai caressé le front. Elle m'a regardé avec ses grands yeux, et j'ai alors appris en cet instant que les vaches pouvaient pleurer.
Mes mains, ma blouse, mon tablier et mes bottes sont barbouillés du sang de ses congénères : pendant des heures, je suis restée à la chaîne, en train de couper des cœurs, des poumons et des foies. J'ai déjà été prévenue : « Avec les bovins on est toujours totalement immergé ! ». C'est cela que je voudrais communiquer, afin de ne pas porter seule le fardeau, mais dans le fond il n'y a personne qui veuille m'écouter. Ce n'est pas qu'au cours de cette période on ne m'ait pas souvent assez posé la question : « Et à l'abattoir, comment ça va ? Moi, en tout cas, je ne pourrais pas le faire ». Avec mes ongles enfoncés dans les paumes des mains je gratte les lunules jusqu'au sang pour ne pas frapper ces visages apitoyés, ou pour ne pas jeter le téléphone par la fenêtre ; pleurer, voilà ce que je voudrais faire, mais depuis que j'ai vu ce spectacle quotidiennement, chaque cri s'est étouffé dans ma gorge. Personne ne m'a demandé si je pouvais tenir.
Les réactions à des réponses si parcimonieuses trahissent le malaise à ce sujet. « Oui, cela est tout à fait terrible, aussi nous ne mangeons plus que rarement de la viande ". Souvent je m'encourage : « Serre les dents, tu dois tenir, bientôt tout cela sera derrière toi ». Pour moi, que le massacre continue jour après jour est l'une parmi les pires manifestations d'indifférence et d'ignorance. Je pense que personne n'a compris que ce ne sont pas ces six semaines à surmonter qui sont importantes, mais bien ce monstrueux meurtre de masse, qui se renouvelle des millions de fois, et dont sont responsables tous ceux d'entre nous qui mangent de la viande. En particulier, tous ceux qui se prétendent amis des animaux et mangent de la viande : ils ne sont pas dignes de confiance.
« Arrête, ne me coupe pas l'appétit ! ». C'est aussi avec ce type de réaction que plus d'une fois je suis restée muette. Parfois le ton monte : « Mais tu es une terroriste, toute personne normale doit rire de toi ».
Comment s'en sortir seule dans de tels instants ? Il m'arrive d'aller regarder le petit fœtus de veau que j'ai ramené à la maison et que j'ai mis dans du formol. « Memento mori ». Et laisser en rire les « gens normaux ».
Les choses deviennent abstraites quand on est entouré de tant de morts violentes ; la vie à titre individuel apparaît alors comme infiniment dénuée de sens. Quand je regarde les rangées anonymes de cochons transportés sous la même forme à travers la halle, je me demande : « Les choses seraient-elles différentes si à la place de cochons, il y avait des humains ? ». D'autant plus que l'anatomie de la partie arrière de l'animal, épaisse, parsemée de pustules et de taches rouges, rappelle étrangement ce que l'on peut voir sur les plages ensoleillées des vacances : des amas de graisse débordant des maillots de bain trop étroits. En outre, les cris qui retentissent interminablement dans la halle d'abattage quand les animaux sentent approcher la mort pourraient provenir de femmes et d'enfants. Ne plus faire la différence devient inévitable. Il y a des moments où je pense : Arrêter, cela doit s'arrêter. Pourvu qu'il fasse vite avec la pince électrique, pour qu'enfin cela s'arrête. « Beaucoup d'animaux ne crient pas » a dit une fois l'un des vétérinaires, « alors que d'autres se figent comme des statues en se mettant à crier sans aucune raison ». Je me demande pour ma part comment ils peuvent rester immobiles et « crier sans aucune raison ». Plus de la moitié du temps de stage est écoulé lorsque je pénètre enfin dans la halle d'abattage pour pouvoir dire : « j'ai vu ». Ici se termine le chemin qui débute à la rampe de déchargement. Le lugubre corridor sur lequel débouchent tous les enclos se rétrécit jusqu'à une porte ouvrant sur un box d'attente ayant une capacité de 4 ou 5 cochons. Si je devais décrire en image le concept de « peur », je le ferais en dessinant des cochons blottis les uns contre les autres contre une porte fermée, et je dessinerais leurs yeux. Des yeux que plus jamais je ne pourrai oublier. Des yeux que chacun d'entre nous qui voulons manger de la viande devraient avoir regardé. Les cochons sont séparés à l'aide d'une trique en caoutchouc. L'un d'entre eux est poussé en direction d'un espace fermé de tous côtés. Il crie, et comme souvent le gardien a encore autre chose à faire, l'animal essaye de reculer et s'évader par l'arrière jusqu'à ce qu'enfin, à l'aide d'un clapet électrique, il puisse verrouiller l'issue. Par une pression sur un bouton, le sol de l'enclos est remplacé par une sorte de traîneau mobile sur lequel le cochon se retrouve à califourchon, ensuite une deuxième coulisse s'ouvre devant lui et le traîneau avec l'animal glisse vers l'avant dans un autre box. Là une brute de boucher chargé de l'abattage – je l'ai toujours appelé en moi-même Frankenstein – branche les électrodes. Une tenaille d'étourdissement à trois points, comme le directeur me l'a expliqué. On voit dans le box le cochon qui tente de se cabrer, puis le traîneau est brusquement retiré et la bête, palpitante, s'affaisse dans un flot de sang en agitant nerveusement les pattes. Ici l'attend une autre brute de boucher, qui sûr de sa cible, enfonce le couteau en dessous de la patte avant droite du cochon ; un flot de sang foncé gicle et le corps s'affaisse vers l'avant. Quelques secondes plus tard, une chaîne de fer se referme sur une des pattes arrière de l'animal qui est hissé vers le haut ; la brute de boucher dépose alors son couteau, s'empare d'une bouteille de cola souillée, déposée à même le sol recouvert d'une couche de sang d'au moins un centimètre, et en boit une gorgée.
Je décide de suivre les cadavres qui, balancés à leur crochet, et saignant abondamment, sont dirigés vers l'« enfer ». C'est ainsi que j'ai dénommé la pièce suivante. Celle-ci est haute et noire, pleine de suie, de puanteur, de fumée. Au terme de plusieurs virages au cours desquels le sang se déverse encore à flots, la rangée de cochons arrive à une sorte d'immense four. C'est là que la soie du porc est éliminée. Les corps des animaux tombent par une sorte d'entonnoir à l'intérieur de la machine. On peut y voir à l'intérieur. Les flammes jaillissent et, pendant quelques secondes, les corps sont secoués de tous côtés, et semblent accomplir une danse grotesque et trépidante. Ils sont ensuite largués de l'autre côté sur une grande table où ils sont immédiatement attrapés par deux grosses brutes de bouchers qui commencent par enlever les parties de la soie qui n'ont pas été éliminées, puis grattent les orbites oculaires et séparent les sabots des pattes. Tout cela se déroule très rapidement, le travail s'effectue en plein accord. Pendues aux crochets par le tendon des pattes postérieures, les bêtes mortes sont alors dirigées vers un châssis métallique contenant une sorte de lance-flammes. Dans un bruit assourdissant, le corps de l'animal est soumis à un jet de flammes qui l'espace de quelques secondes l'enveloppe tout entier. La chaîne mobile se met alors à nouveau en mouvement et emporte les corps dans la halle suivante, celle-là même où je me suis trouvée durant les trois premières semaines. Là les organes sont retirés et apprêtés sur la bande mobile supérieure. La langue est palpée, les amygdales et l'œsophage détachés et jetés, les ganglions lymphatiques coupés, les poumons mis aux déchets, la trachée-artère et le cœur ouverts et les échantillons pour l'examen de trichine prélevés, la vésicule biliaire extirpée, et le foie examiné à cause de la présence possible de poches de vers. Beaucoup de porcs ont des vers et si leur foie en est rempli, il doit être jeté. Tous les autres organes, comme l'estomac, les intestins, l'appareil génital, sont envoyés au rebut. Sur la bande mobile inférieure, le reste du corps est apprêté : divisé en morceaux; les articulations coupées; l'anus, les reins et les parties graisseuses entourant les reins enlevés; le cerveau et la moelle épinière retirés, etc., et ensuite une marque est imprimée sur l'épaule. Le cou, le bas du dos, l'abdomen et les cuisses sont préparés pour la pesée, puis dirigés vers la chambre froide. Les animaux jugés impropres à la consommation sont « provisoirement écartés ». Pour le marquage, qui est une opération effectuée dans la sueur sur des cadavres tièdes et visqueux qui pendent très haut en fin de bande, il faut faire très vite quand on n'a pas l'habitude: on risque de se faire assommer par les moitiés de bêtes qui arrivent en force devant la balance et s'entassent les unes sur les autres avec violence.
Je ne dirai pas le nombre de fois où j'ai laissé mon regard errer sur l'horloge murale de la salle de pause ! Mais ce qui est sûr, c'est qu'en aucun autre endroit au monde le temps ne passe plus lentement qu'ici. Un temps de pause est octroyé au milieu de la matinée, et c'est essoufflée que je me précipite aux toilettes, et que tant bien que mal je me nettoie du sang et des lambeaux de chair ; c'est comme si cette souillure et cette odeur allaient s'accrocher à moi pour toujours. Sortir, seulement sortir d'ici. Je n'ai jamais pu avaler quoique ce soit comme nourriture dans ce bâtiment. Soit je passe mon temps de pause, aussi froid qu'il puisse faire dehors, à courir jusqu'à la clôture en fils de fer barbelés et regarde au loin les champs et l'orée du bois, et j'observe les corneilles. Ou alors je traverse la rue et me rends au centre commercial où je peux me réchauffer en buvant un café dans une petite boulangerie. Vingt minutes après, on est de nouveau à la chaîne. Manger de la viande est un crime. Jamais plus ceux qui mangent de la viande ne pourront être mes amis à nouveau. Jamais, jamais plus. Je pense que tous ceux qui mangent de la viande devraient être envoyés ici, et voir ce qui s'y passe, du début à la fin. Je ne suis pas restée ici parce que je veux devenir vétérinaire, mais parce que les gens veulent manger de la viande. Et pas seulement cela : mais parce qu'en plus ce sont des poltrons. Leur escalope blanchie, stérile, achetée au supermarché, n'a plus les yeux qui déversent des flots de larmes de frayeur devant la mort, pas plus qu'elle ne hurle quand le couteau va frapper. Vous tous qui vous nourrissez des cadavres de la honte, cela vous est soigneusement épargné, vous qui dites : « Non, moi, cela je ne pourrais pas le faire ».
Un jour, un paysan est venu, accompagné de son fils, âgé de 10 ou 11 ans, pour faire analyser un échantillon de viande pour la trichine. En voyant l'enfant aplatir son nez contre la vitre, j'ai pensé que si les enfants pouvaient voir toute cette horreur, tous ces animaux tués, il y aurait peut-être un espoir de changement. Mais j'entends encore l'enfant crier à son père : « Papa, regarde, là, quelle énorme scie ! ».
Le soir, à la télévision, on annonce aux informations : « mystère non encore résolu à propos du meurtre perpétré sur une jeune fille, assassinée et coupée en morceaux » et je me rappelle la frayeur générale et le dégoût de la population devant cette atrocité. Je dis : « Des atrocités semblables, j'en ai vu 3700 rien qu'en une semaine ».
Maintenant, je ne suis plus seulement une terroriste, mais encore je suis malade, là-haut, dans ma tête. Car je ressens non seulement de l'effroi et de la répugnance envers le meurtre commis sur un être humain, mais aussi envers ceux commis sur des animaux des milliers de fois en une seule semaine et dans un seul abattoir. Etre un humain, cela ne signifie-t-il pas dire non et refuser d'être le commanditaire d'un meurtre à grande échelle – pour un morceau de viande ? Étrange nouveau monde. Il est possible que les tous petits veaux trouvés dans l'utérus déchiré de leur mère, et qui sont morts avant même d'être nés, ont encore connu le moins mauvais sort d'entre nous tous.
D'une manière ou d'une autre, le dernier de ces interminables jours est enfin arrivé et j'ai reçu mon certificat de stage, un chiffon de papier, cher payé si tant est que j'ai jamais payé cher quelque chose. La porte se referme ; un timide soleil de novembre m'accompagne depuis la cour de l'abattoir jusqu'à l'arrêt du bus. Les cris des animaux et le bruit des machines s'estompent. Je traverse la rue alors qu'un gros camion à remorque amenant du bétail prend le virage pour entrer dans l'abattoir. Il est rempli sur deux étages de cochons, serrés les uns sur les autres. Je pars sans un regard en arrière car j’ai porté témoignage et, à présent, je veux essayer d'oublier et de continuer de vivre. A d'autres de lutter maintenant ; moi, ce sont ma force, ma volonté et ma joie de vivre qui m'ont été pris et remplacées par un sentiment de culpabilité et de tristesse paralysante. L'enfer est parmi nous, des milliers et des milliers de fois, jour après jour. Une chose nous reste pourtant, et pour toujours, à chacun : Dire Non. Non, non et encore non !
LES ANIMAUX MARINS (POISSONS, CRUSTACES, ETC.) SOUFFRENT AUSSI !
Malgré ce que les apparences nous poussent à croire, le monde des animaux aquatiques est d’une grande complexité. Les poissons, tout comme les humains ou les autres animaux terrestres, perçoivent, ressentent, souffrent, communiquent.
La plupart des poissons produisent des sons (malheureusement seulement audibles grâce à un hydrophone) lorsqu’on les touche, lorsqu’on les tient, lorsqu’on les poursuit.
Leurs sensations, qu’elles soient visuelles, olfactives, gustatives ou tactiles sont aussi très développées, souvent beaucoup plus que chez la majorité des autres animaux. Leur système nerveux présente les mêmes récepteurs à la douleur que les nôtres.
Ils ressentent aussi la peur : comme chez l’humain, leur fréquence cardiaque augmente, ainsi que leur rythme respiratoire ; une décharge d’adrénaline est libérée lorsqu’ils sont traqués, par exemple. Il a été démontré que les perches apprennent rapidement à éviter les hameçons en voyant d’autres poissons se faire prendre.
Les poissons ressentent donc la douleur, la peur, la privation de liberté ou le stress dus aux stimuli sensoriels violents. Les maintenir enfermés en aquarium les prive de leurs besoins fondamentaux, les soumet quotidiennement aux chocs que sont les bruits, la lumière, les polluants domestiques (fumées, parfums). Nombre d’entre eux meurent ou sont blessés lors de la capture (dynamite, bombe de cyanure, anesthésiant, prise au filet). Ceux qui survivent souffrent d’ennui, de stress, et / ou de troubles divers.
Des milliers de milliards de poissons meurent aussi pour le commerce agroalimentaire, leur mort n’est alors ni rapide, ni indolore (l’agonie pouvant durer plusieurs jours). Dans les filets, les poissons meurent étouffés, écrasés. Lorsqu’on les remonte, les frottements leur mettent les flancs à vif, la décompression fait exploser leur vessie natatoire, sortir les yeux de leurs orbites, ou l’œsophage et l’estomac par la bouche. Beaucoup sont congelés ou vidés vivants, on les extrait souvent du filet au moyen de crochet. Outre les poissons, de nombreux mammifères, tortues, oiseaux sont pris dans les filets et meurent.
La pêche de loisirs, elle, ne tue les poissons que par « amour » du sport. La douleur infligée par l’hameçon perforant les chairs, déchirant la bouche, provoque de vives manifestations de panique : le poisson se débat, crache, coule. Ensuite, il est jeté à terre où il est brûlé et asphyxié lentement par l’oxygène de l’air. Relâcher les poissons, parfois avec l’hameçon encore accroché aux branchies ou aux organes intérieurs, s’ils l’ont avalé, revient à leur infliger une incapacité temporaire ou permanente à s’alimenter, à se déplacer, voire une agonie interminable. Certains poissons sont mutilés pour servir d’appât afin d’en pêcher d’autres.
Des millions de poissons pêchés chaque année dans les cours d’eau sont issus de la reproduction artificielle et consanguine : dégénérés, si peu craintifs qu’ils ne savent même plus se protéger.
Les poissons comme beaucoup d’autres animaux sont assimilés par l’humain à des objets : on peut les empoisonner, assécher leur plan d’eau, on peut les mutiler, les frapper, les éventrer, les capturer, les décapiter, aucune importance, notre incapacité à percevoir leur terreur et leurs souffrances nous invite à penser qu’ils n’en éprouvent aucune !
Même si nous ne ressentons généralement que peu de compassion pour les animaux aquatiques, refuser de pêcher, de manger ou de tenir des poissons enfermés dans des aquariums, c’est prendre conscience de leur capacité à éprouver des émotions et des sensations douloureuses.
LE FOIE GRAS : UN CONCENTRE DE SOUFFRANCES
Traditionnel ou industriel, le gavage n’est pas un simple excès de nourriture, mais un vrai supplice qui mène irrémédiablement à l’agonie et à la mort les oies et les canards au bout de deux à trois semaines.
On croit parfois que le gonflement du foie, bien qu’exagéré, est naturel. Il n’en est rien : c’est une maladie forcée (stéatose hépatique nutritionnelle donnant un énorme organe malsain) qui débouche sur la mort si le gavage se poursuit. Mais avant la mort viennent de multiples souffrances.
- Le tuyau de l’entonnoir est enfoncé très profondément. La douleur est souvent accentuée par des accidents de gavage (perforation du cou ou du jabot, brûlures internes par le maïs trop chaud…).
- Le foie, multiplié par 8, 10, ou 12, presse sur les poumons de ces oiseaux qui n’ont pas de diaphragme et rend leur respiration très difficile. Ils halètent péniblement pour trouver de l’air.
- Le confinement est tel que les canards ne peuvent pas bouger dans leur cage de gavage (25 cm par 15 !) : imaginez une cellule de prison où vous ne pourriez pas écarter les bras du corps !
- Dans les parcs collectifs, la surpopulation est une autre source de stress. Pour éviter les agressions, on pratique le débecquage : le bec est coupé par une lame chauffée à blanc, il restera profondément douloureux toute la vie.
- L’insalubrité accentue le développement des maladies. Les diarrhées, l’impossibilité de bouger due aux chocs de gavage finit par rendre les oiseaux, qui étaient propres et beaux avant le gavage, souillés d’excréments et malades. Au bout de quelques jours de gavage les oiseaux ne peuvent plus émettre de son et un silence de mort règne dans les parcs. Juste leur respiration est perceptible.
- Ces oiseaux mâles (les femelles sont tuées à la naissance) au comportement de couple fidèle souffrent cruellement de leur isolement forcé.
- Ils ont tendance à fuir le gaveur qui leur prend le coup. Au moment du gavage, leur stress intense dû à l’appréhension de la douleur est très perceptible.
Officiellement, 4 à 10% des canards meurent avant l’abattage. De l’aveu même des gaveurs : « Beaucoup ne tiennent pas le choc… ». Imaginez-vous, recevant deux fois par jour, en cinq secondes, l’équivalent de 15 kilos de spaghettis !
Douleur et anxiété, privations des moindres besoins comportementaux, sociaux et physiologiques : voilà la réalité du gavage, indéniable.
LA LAINE ET LES MOUTONS
On se pose rarement des questions sur l’élevage des moutons pour leur laine, on se dit qu’on leur rend service en les tondant de temps en temps, et on ne trouve pas non plus beaucoup d’informations sur ce sujet.
Actuellement, la plus grande partie de la laine est importée d’Australie où les moutons sont élevés à l’air libre mais de façon presque intensive. En moyenne, plus de 2 000 moutons par éleveur, et des troupeaux de 8 à 10 000 ne sont pas rares (au Royaume-Uni, ce nombre ne dépasse guère 500). 80% de la laine utilisée dans le monde provient d’Australie, qui totalise 148 millions de moutons.
Les moutons ont beau évoluer sur de larges espaces, il y a tout de même surpopulation et impossibilité, de par leur nombre, de les surveiller, soigner, entretenir. Du coup, 20% des agneaux meurent la première année.
Et puis, ils paissent dans les régions semi-arides de l’Australie centrale, où des pluies torrentielles succèdent à de longues périodes de sécheresse, avec de grandes variations de température. De nombreux fermiers entretiennent un troupeau trop important et lorsqu’une sécheresse advient, il n’y a pas assez de nourriture ni d’eau, et ils sont laissés à eux-mêmes pour survivre ou mourir. D’où famine et longues agonies (même si c’était plus économique de tuer ceux qui agonisent, peu le feraient, car la pluie peut toujours tomber le lendemain et en sauver quelques-uns).
D’autre part, beaucoup d’opérations de « routine », comme la castration ou la coupe de la queue sont faites sans anesthésiques et sans soins particuliers. On leur découpe aussi une large bande de chair autour de la région anale, ceci afin d’éviter, vainement d’ailleurs, les infestations parasitaires.
Enfin, et toujours pour des raisons de profit et de facilité, les fermiers ont de plus en plus tendance à tondre au début de l’hiver, et beaucoup de moutons en meurent (le nombre est estimé à un million de morts) ; leur température normale est de 39°C, ce qui est un avantage lorsqu’il fait chaud, mais ce qui les rend très sensibles au froid. Les tondre en hiver signifie aussi qu’ils supportent leur épaisse toison tout l’été, car les variétés actuelles, contrairement aux moutons d’origine non encore domestiqués, ne muent pas.
Et lorsqu’ils cessent, avec l’âge, d’être productifs, les moutons sont transportés sur de longues distances vers les parcs de vente, où ils restent jusqu’à 2 jours sans nourriture ni eau, puis sont encore transbahutés jusqu'à l'abattoir. Bon nombre sont expédiés vers des abattoirs du Moyen Orient. Ils sont chargés sur de gigantesques bateaux de 14 étages. La traversée dure trois semaines ou plus, durant lesquelles ils croupiront dans leurs excréments. A l’arrivée, ceux qui ne sont pas morts pendant le voyage sont menés à l’abattoir, où on les égorge en pleine conscience (aucune forme d’insensibilisation). Les malades et les agneaux nés pendant la traversée sont jetés à la mer.
Comme la production de lait ou d’œufs, la production de la laine est en l’état actuel des choses étroitement liée à celle de la viande. Cautionner l’une, c’est cautionner l’autre, et c’est cautionner des souffrances et des morts machinales, de masse. Cela est valable non seulement pour les unités de production industrielles et / ou concentrationnaires, mais aussi pour toutes les exploitations artisanales, à « échelle humaine » qui, moins horribles dans le détail, n’en aboutissent pas moins au même résultat. Nous pouvons tous faire quelque chose : en évitant la laine, les articles en peau de mouton, la lanoline (extraite des toisons). Il existe des alternatives à la laine en matières végétales (coton, chanvre, lin) ou synthétiques (acrylique, polaire…).
LE CUIR, LA FOURRURE …
- La fourrure : Chaque année plus de 25 millions d’animaux sont condamnés à une mort lente et cruelle pour la production de fourrure. Pourquoi des humains veulent-ils porter la fourrure d’animaux tués et dépecés ? Pour satisfaire un goût de luxe inutile. La fourrure ne sert à rien de plus …
Les animaux destinés à ce commerce passent leurs vies dans de minuscules cages électrifiées, pour empêcher les animaux de se frotter contre les barreaux de ces cages, afin qu’ils n’abîment pas leur fourrure. Pour éviter que les fourrures ne soient endommagées, les fourreurs utilisent également des méthodes de mise à mort extrêmement lentes et douloureuses telles que la suffocation, l’électrocution, la strangulation, …
Nombre d’animaux tués pour fabriquer un manteau de fourrure : Visons : 60 à 80, Renards : 15 à 20, Ratons laveurs : 40, Lynx : 15, Opossums : 25, Guépards : 6 à 12, Léopards : 3 à 5, Castors : 10 à 20, Chinchilla : 130 à 200, Hermine : 180 à 240, Loutre : 10 à 16, Martre : 40 à 50, Opossum : 30 à 40, Zibeline : 60 à 70.
- Le cuir : Le cuir comme la fourrure est la peau d’un animal vivant qui a été tué. Le cuir est utilisé pour les vêtements, les chaussures, pour le luxe et la vanité. Au XXIième siècle, l’industrie du cuir est très rentable. Des milliards d’Euros lient étroitement l’industrie du cuir, de l’élevage, et l’industrie de la viande. Beaucoup de gros producteurs de viande ont d’ailleurs leurs propres tanneries de cuir. Chaque année, plus de 230 millions de bœufs, 350 millions de moutons, 175 millions de chèvres et 700 millions de cochons sont tués à travers le monde pour leur chair et leur peau. Les plus gros producteurs de peaux sont la C.E.I. (ex URSS), les USA et l’Inde. L’Inde et la Chine produisent la plupart des peaux de chèvres. La plupart des peaux de moutons proviennent de Nouvelle-Zélande et d’Australie. Les plus gros exportateurs de cuir fini sont la France, l’Angleterre, l’Allemagne, l’Italie, les USA et le Japon.
Les peaux de millions d’animaux sont produites dans la souffrance et l’horreur des fermes industrielles (surpopulation, empoisonnement, privation, castrations non-anesthésiées, marquage au fer rouge, coupage de la queue et des cornes, traitement cruel durant le transport et l’abattage, …).
Les producteurs de viande et les éleveurs peuvent ainsi faire de l’argent avec n’importe quelle partie de l’animal. En effet, le profit de l’industrie de la viande est largement dépendant des ventes de « sous-produits » (le cuir, le lait, la gélatine, …). Le négoce du cuir rapportait en France, en 1983, plus de 3 milliards d’Euros. Quand un jeune bœuf d’environ 450 kilos est abattu, on obtient 200 kilos de viande, le reste de la carcasse part dans la fabrication des sous-produits. Cela consiste à récupérer les os, les cornes, les sabots pour fabriquer la gélatine et le papier de verre, les poils pour faire des brosses et des couvertures grossières, le sang, la viande et les organes « impropres à la consommation humaine » transformés en farine pour nourrir du bétail (en principe ceci est interdit maintenant, les farines sont brûlées dans des crématoires), pour l’agriculture, pour les aliments pour chiens et chats. La peau compte, quant à elle, pour 50% du total de la valeur des sous-produits du bétail ... Le succès économique des abattoirs et des fermes laitières dépend directement de la vente de ces sous-produits.
- Les victimes du cuir : La plupart du cuir produit et vendu à travers le monde provient de la peau du bétail et des veaux mais aussi des chevaux, des moutons, des agneaux, des chèvres et des cochons abattus pour la viande. Cependant dans le monde de nombreuses autres espèces sont aussi chassées et tuées spécialement pour leurs peaux : les mules, les zèbres, les buffles, les sangliers, les kangourous, les opossums, les éléphants, les tigres, les léopards, les autruches, les cerfs, les anguilles, les requins, les baleines, les dauphins, les marsouins, les phoques, les morses, les tortues, les alligators, les crocodiles, les lézards, les serpents, …
Approximativement 1/3 des cuirs « exotiques » proviennent d’animaux menacés qui sont braconnés et dont le meurtre et l’importation sont des crimes d’après les lois. De plus, les braconniers n’hésitent pas à utiliser un animal pour en tuer un autre d’une espèce différente (appât).
Dans le sud de l’Afrique, un abattoir procède au meurtre de 700 autruches par jour. Pendant ce temps, la plupart des crocodiles et des alligators sont capturés à l’aide de crochets géants ou sont massacrés à coup de gourdin. Les serpents sont souvent embrochés sur des pieux et écorchés vifs. Les chevreaux peuvent être bouillis vivants afin de confectionner des gants pour enfants. La peau des veaux et agneaux non-nés (certains sont avortés et d’autres viennent de brebis et vaches abattues) ainsi que celles des brebis sont considérées comme très luxueuses.
- Les toxines dans le processus de tannage : Dans le passé, la peau de l’animal était salée, séchée et tannée avec des produits de tannage végétaux ou des huiles. Aujourd’hui, pour passer de la peau brute de l’animal au cuir fini, les producteurs de cuir utilisent beaucoup de substances dangereuses telles que des sels minéraux (chrome, aluminium, fer et zirconium), d’autres substances (phénol, crésyl, naphtalène) et une variété d’huiles, de teintures et de conservateurs dont quelques-uns ont des bases de cyanure. La plupart des tanneries rejettent ces substances toxiques dans les rivières, fleuves avoisinants. Des centres de contrôle des maladies ont révélé que le taux de malades de la leucémie est 5 fois plus élevé que la moyenne, à proximité des tanneries et qu’il n’est pas rare que les gens qui y travaillent meurent de cancers causés par des expositions aux nombreux produits toxiques. Selon une étude faite par le New York State Health Department (USA), plus de la moitié des victimes du cancer des testicules travaillent dans des tanneries.
- Alternatives : Il existe des alternatives aussi bien au cuir, qu’à la fourrure ou qu’à la laine. Il n’est pas nécessaire de fabriquer des ballons de football, des ceintures, des vestes, des chaussures ou d’autres choses avec du cuir. Il n’est pas obligatoire de torturer des animaux et de les tuer pour leur fourrure. Il n’est pas obligatoire de porter des vêtements, des couvertures en laine (d’ailleurs beaucoup de personnes y sont allergiques). De très nombreuses alternatives à ces produits existent, elles sont aussi solides, facilement lavables, souvent moins chères, plus écologiques, … comme par exemple les produits à base de coton, de lin, le lorica (matière recyclée), ou toute sorte de matière synthétique, de caoutchouc. Des chaussures (style Doc Martens, chaussures de ville, …) ressemblant à s’y méprendre à du cuir (texture, solidité,…), et n’étant composées que de matières non-animales, sont disponibles depuis déjà longtemps (voir contacts page 99). D’autre part, il est facile de se procurer des couvertures, pulls, tricots, vestes, blousons, manteaux en matières synthétiques. En France, il est facile de trouver des chaussures en synthétique ou en toile dans la majorité des grandes surfaces et des magasins de sport.
LE DOUX ANGORA
L’angora est exclusivement la fibre textile du lapin blanc à poil long du même nom. Depuis longtemps la France occupe la première place mondiale des producteurs, elle « produit » environ 200 tonnes par an. Tous les trois mois environ, le lapin (ou plus souvent la lapine, car elle est plus « productive ») est épilé et fournit jusqu’à 1 kg de mèches par an. Il est communément admis maintenant que la fourrure est un commerce de souffrance et de mort, malheureusement un grand nombre de gens préfèrent ne rien savoir des autres produits animaux (cuir, laine, etc.) qui sont obtenus en échange de la vie de millions d’animaux.

LA SOIE
La soie est obtenue par déroulement du fil du cocon du ver à soie, après avoir ébouillanté celui-ci dans un bain de vapeur ou d’eau portée à ébullition. Cent cinquante chenilles sont ainsi sacrifiées pour obtenir 10 grammes de ce textile de luxe.
CHASSE, PECHE ET PREDATION
En France chaque année, près de 1,5 millions de chasseurs tuent 50 millions d’animaux, provoquent 300 accidents de chasse impliquant des blessés humains et tuent une 50aine d’humains. A 90%, les victimes humaines sont des chasseurs.
L’humain n’est pas fait physiquement pour être un prédateur comme peut l’être un renard, un ours, un loup, un aigle. Sans ses armes, l’humain n’est qu’un piètre chasseur, il peut juste à la rigueur tuer quelques petits animaux, ou manger des charognes. La chasse ne s’est développée dans l’espèce humaine qu’à partir du moment où il s’est mis à fabriquer des outils. Un fusil (mais aussi un arc, une lance) n’a rien de « naturel » et quelques milliers de tonnes de plomb toxiques sont déversés tous les ans, par eux, dans l’environnement. Il en est de même pour les pêcheurs, ce qui est tout sauf écologique… Essayez donc de tuer un sanglier à mains nues ou de rattraper un lièvre… L’humain n’en est pas capable, pas plus que son ancêtre. Les sens de l’humain sont tellement peu adaptés à la chasse, qu’il utilise des chiens pour dénicher des proies : sans eux, il pourrait très bien passer à côté d’animaux sans les voir (les animaux ont une fourrure ou un plumage qui leur sert de camouflage). Lorsque le chien du chasseur fait s’enfuir un animal, l’humain n’a alors qu’à braquer son fusil et tirer. C’est ça qu’ils prétendent être du sport.
Certains prétendent que la chasse que pratiquent les humains régule les espèces. Seulement, il faut savoir que les chasseurs sont obligés de faire des élevages de gibier, comme des lièvres et des faisans pour pouvoir tuer quelque chose. Ils les lâchent juste avant l’ouverture de la chasse et il n’est pas rare de voir dans la nature vers cette période, des faisans et des lièvres qui ne s’enfuient même pas à la vue des humains : les chasseurs les tuent à bout portant. Et si ce ne sont pas eux qui les tuent, ces animaux d’élevage meurent car ils ne savent pas se débrouiller tout seul. Pour la pêche c’est la même chanson, avant l’ouverture, des poissons d’élevages sont introduits dans les rivières. L’environnement a été tellement pollué et la place tellement réquisitionnée par les humains que les animaux n’ont plus d’espace viable pour se développer. Quel est le but ? Que chacun puisse continuer à tuer pour satisfaire son petit ego, avoir une sensation de puissance en tuant des êtres ? Nous faire croire que la chasse et la pêche sont nécessaires ? Veut-on nous faire croire que des actes, qui consistent à tuer, développent les bons côtés de l’humain ? Cultiver un jardin permet d’apprendre sur l’environnement d’une façon bien plus positive. Et si les sentiers ne sont plus entretenus par les chasseurs qu’est-ce que cela fait ? Croit-on aussi que les sentiers sont naturels ? Ce qui est naturel, c’est que des arbustes et des fougères fassent disparaître ces chemins.
Même dans l’hypothèse où un contrôle des populations animales soit nécessaire, pourquoi chercher à tuer ? On peut très bien imaginer des contraceptifs qui pourraient être répandus dans la nature ou injectés dans les animaux. Ces méthodes existent déjà d’ailleurs pour les pigeons ou pour des espèces protégées comme les éléphants. Il s’agit juste d’avoir la volonté de développer ces méthodes, même si c’est moins facile et moins dans les mœurs actuelles que de tuer.
La prédation, même si certains la qualifient de naturelle, n’en reste pas moins cruelle et non-acceptable moralement. A l’heure actuelle, aucune solution simple n’existe pour éviter que les animaux se tuent entre eux (à part les animaux « domestiques » comme les chats et les chiens qu’il est facile de nourrir d’une façon végétalienne). Cette question est, pour le moment, réservée aux philosophes éthiques.
POUR LES BESOINS DU CINEMA…
Les films qui comportent des scènes de violence, de torture et de meurtre sur des animaux nous proposent des images très réelles. Et pour cause, quand il s’agit d’animaux, le trucage consiste à faire croire, trop souvent, aux spectateurs, que les animaux sont mutilés, souffrent et meurent « pour de faux »…
Les animaux dressés spécialement pour la figuration sont loués pour des sommes qu’une majorité de producteurs de films ne peuvent et / ou ne veulent pas débourser. Aux USA et en Europe (officiellement) les « animaux de cinéma » sont protégés. Mais rien n’empêche un producteur de les utiliser dans des séquences révoltantes, dès l’instant qu’il tourne dans des pays où les animaux ne sont pas (ou peu) protégés (exemple classique : Espagne, Italie, Mexique,…). Des chevaux, des chats, des chiens, des oiseaux (ou d’autres animaux si besoin est) sont mutilés et tués après bien souvent une longue et douloureuse agonie.

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Végétarien & Végétalien LES ANIMAUX DANS L'INDUSTRIE (Médecines douces - Diététique, Alimentation)    -    Auteur : Maria - Canada


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