Les lacs sous glaciaires récemment découverts en Antarctique sont des masses d'eau liquide piégées à la base de la glace. Ces lacs peuvent rendre les calottes polaires instables mais aussi contenir des formes de vie isolées depuis des millions d'années. Leur exploration permettra de documenter ces curiosités naturelles et de rechercher la vie en milieu extrême, étape nécessaire à la quête de l'origine de la vie sur terre et sur les planètes glacées.
Une réunion internationale organisée à Grenoble du 24 au 26 avril par le laboratoire de glaciologie et géophysique de l'environnement (CNRS /Université Joseph Fourier) et l'Université du Texas, à l'initiative du comité scientifique pour les recherches antarctiques (SCAR), réunit des spécialistes de 12 nations. Ils établiront un plan de recherche qui commencera avec l'année polaire internationale (2008 – 2009) et se poursuivra au cours de la décade à venir.
Les lacs sous glaciaires représentent un domaine encore inexploré. Ils sont blottis sous les 3 ou 4 km d'épaisseur de glace de l'Antarctique. Alors que tout est gelé en surface, ces masses d'eau sont maintenues liquides en profondeur par la chaleur de la terre et la pression. A ce jour 145 « structures lacustres sous-glaciaires » ont été identifiées. Le lac de Vostok est le plus grand, avec une superficie comparable à celle de la Corse et une profondeur dépassant les 1200m sous la base de la calotte de glace (soit plus de 1500 m en-dessous du niveau de la mer). Isolées de la surface de la terre depuis des millions d'années, des formes de vies sortant de l'ordinaire, ou pour le moins ayant développé des stratégies de survie très poussées, sont peut- être présentes. Dans les sédiments au fond du lac, son histoire climatique, sa formation et son évolution devraient être aussi préservées.
A la station russe de Vostok, le forage dans la glace réalisé pour les études climatiques est célèbre pour sa carotte et l'enregistrement climatique de 400 000 ans. La relation entre climat et gaz à effet de serre qu'elle a permis de mettre en évidence est reprise maintenant dans les livres scolaires. Le forage, prolongé jusqu'à 3650m, a été arrêté à 100 m de l'interface liquide ; il a pénétré sur plus de 120 m d'épaisseur un massif de glace formé par le regel des eaux du lac. Ces échantillons de glace de regel du lac Vostok ont ouvert une fenêtre sur ce milieu inconnu. Les études physiques, chimiques et biologiques, réalisées notamment par les chercheurs russes et français, seront au centre des discussions.
L'exploration des milieux sous glaciaires nécessite le développement de nouvelles techniques pour observer et échantillonner en limitant au maximum les contaminations ou l'altération de ces environnements. Ceci représente de réels challenges et la coopération internationale, la collaboration scientifique, le partage des coûts de logistique et les développements majeurs de la technologie seront nécessaires, tant pour assurer un bénéfice scientifique optimal que pour explorer ces milieux en les préservant pour les générations futures.
Le colloque de Grenoble rassemble les spécialistes nationaux et internationaux dans le domaine ainsi que des experts de plusieurs disciplines : écologie, microbiologie, glaciologie, paléoclimatologie, sédimentologie, géophysique, planétologie, limnologie, ingénierie polaire…C'est aussi un événement marquant le lancement d'un nouveau groupe international (SALE-UNITED -Unified International Team for Exploration and Discovery) qui animera ces recherches au cours de l'année polaire internationale et la décade qui suivra.
Pendant l'année polaire internationale (2008-09), des campagnes de recherches dans toutes les disciplines seront menées du Pôle Nord au Pôle sud. Elles viseront à explorer de nouvelles frontières en science polaire, affiner notre compréhension et le rôle critique de ces régions dans les processus globaux, en contribuant à l'information du public et à l'éducation sur ces régions.
Pour les lacs sous glaciaires, les travaux de l'année polaire internationale comprendront les études chimiques et biologiques des carottes de glace du lac Vostok, des campagnes de mesures géophysiques (radar, satellites) visant à couvrir l'Antarctique et déceler les masses d'eaux liquides, développer des modèles pour simuler ces systèmes complexes, développer de nouvelles techniques de prélèvement. Au cours du colloque, des plans ambitieux d'exploration seront ainsi envisagés tels ceux visant la pénétration de lacs autres que le lac Vostok, l'installation d'observatoires, le prélèvement d'eau et de sédiments. Ces opérations devraient se dérouler au cours des dix années à venir avec un effort maintenu et concerté entre les nations.
La réunion internationale est organisée à l'initiative du SCAR (Scientific Committee on Antarctic Research, le comité scientifique pour les recherches antarctiques) par le Laboratoire de glaciologie et géophysique de l'environnement (CNRS/Université Joseph Fourier) et l'Université du Texas. Le colloque « Lacs sous glaciaires » intitulé “Subglacial Antarctic Lake Environments (SALE) in the International Polar Year (IPY) 2007-08: Advanced Science and Technology Planning,” est co-financé par la National Science Foundation's Office of Polar Programs (NSF-OPP) des Etats Unis, le SCAR, le Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), le ministère de l'Ecologie et du développement durable, le ministère de la Recherche et de l'enseignement supérieur. Il bénéficie également du soutien de l'Université J. Fourier, de la Fondation Scientifique Européenne (ESF Europolar), du conseil régional Rhône-Alpes et de la ville de Grenoble. Il a lieu à Grenoble du 24 au 26 avril 2006 à la Maison des Sciences Humaines –Alpes, sur le Campus de St Martin d'Hères.
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