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Essai Gbagbo le Democra-(tué?!)




ESSAI

GBAGBO – LE DEMOCRA–« Tué ?! »

(Comment une Démocratie peut-elle gérer le crétinisme politique ?)

La démocratie dans son entendement occidental ou plus exactement comprise sous son prisme euro centriste (prisme du reste le plus répandu tout au moins sous les tropiques) se définit prosaïquement comme étant le pouvoir du peuple pour le peuple et exercé par le peuple. Une décomposition du mot nous amène à observer rapidement d’ailleurs que dans le mot « démocratie » on a : Démo-pour peuple et Cratie-pour pouvoir selon l’étymologie Gréco-latine.
Ainsi, la démocratie c’est à la fois le meilleur et le pire des systèmes-le meilleur parce qu’on n’a pas trouvé mieux et le pire parce qu’il comporte beaucoup de faiblesses ou d’imperfections.
C’est au demeurant en considérant toutes ces faiblesses ou imperfections que des esprits éclairés et avant-gardistes ont cru bon de préciser que la démocratie ou le système démocratique de chaque pays est marquée par les stigmates de son histoire, son peuple, son identité culturelle. Dans cette phraséologie aux apparences douces et inoffensives, mais en réalité amphibologique, abstruse et même vénéneuse, on pourrait comprendre pourquoi on a tant de divergences de vues, de différences d’approches, de positions tranchées, et même inconciliables, d’incompréhensions, de dichotomies manichéennes, de considérations inavouées, d’adversités, de haines, de confrontations et finalement d’affrontements et de guerres dans la vie politique de bon nombre de pays dans une bonne partie du monde (en Afrique notamment). En tout état de cause, en apportant la précision selon laquelle nonobstant sa vocation et/ou son caractère universel, la démocratie de chaque pays serait marquée ou influencée par les stigmates de son identité culturelle, sous-entendus ses peuplades venus souvent d’horizons divers et naturellement de cultures différentes avec pour ricochet évident les préjugés que les uns peuvent développer à l’endroit des autres; les chantres de la démocratie occidentale ou à l’occidentale confessent insidieusement que ce qui est vrai ou applicable dans un pays où un espace défini ne saurait l’être de façon automatique ailleurs du fait des spécificités, des contingences historiques, des vicissitudes qu’on pourrait rencontrer çà et là ! Au-delà même de ces considérations sus-évoquées, il y a un aspect plus complexe de l’Homme pris dans son essence en rapport avec son éthos ; le « Moi » étant comme on sait haïssable, et donc pour cela il arrive quelque fois à l’Homme d’être en contradiction avec lui-même. c’est donc en empruntant cette démarche Cathartique – c’est-à-dire en suivant le mode de pensée qui voudrait qu’il y ait autant de formes de démocraties que de pays la pratiquant parce que chacun de ces pays aurait alors au moins une spécificité qui le singularise des autres, qu’on en arrive à ce que d’aucuns ont désigné avec une forte connotation péjorative, démocraties africaines ou encore démocraties à l’africaine. C’est pourquoi on observe que très souvent, outre les motivations bassement intéressées d’ordre économique, les maîtres occidentaux réagissent différemment selon que la poussée de fièvre ou les convulsions ont lieu dans un pays ou dans un autre, même si la cause de ces poussées de fièvre est la même. Comme quoi il n’existerait donc pas une formule ou une marque de démocratie prescriptible de façon définitive parce que applicable à tous sous la forme d’une panacée. Pour ainsi dire, la démocratie est un idéal pur !
C’est dans un de ces pays du Sud, cohéritière de cette démocratie « occidentale » avec les autres pays qu’un certain GBAGBO Koudou Laurent s’engage assez précocement sur le chemin sinueux et piégeux, escarpé, rude, inégal, cahoteux, glissant et même raboteux de la politique. Engagement pour lui sans doute dans le sens le plus noble qui consiste à gérer la cité et à apporter des solutions aux problèmes existentiels de ses semblables, mais malgré lui aussi dans le sens le plus haïssable, le plus péjoratif qui consiste à se mettre même à son corps défendant au jeu des coups tordus, des coups bas des crocs-en-jambes, de la mauvaise foi, du manichéisme et quelques fois jusqu’à l’élimination physique directe ou indirecte d’un adversaire ou d’un empêcheur de vivre en paix ou de tourner en rond dès lors que dans l’exercice de la politique, les deux aspects semblent consubstantiellement liés et donc indissociables.
Cependant, en suivant le parcours de l’homme, on est en droit de se tromper de bonne foi, en soutenant qu’il avait au départ une conception un peu trop angélique de la politique. Cette phrase qu’on lui doit au demeurant est éminemment expressive et trahit un peu son ingénuité du départ « j’arriverai au pouvoir sans claquer une bûchette d’allumettes » GBAGBO dixit ! Et donc il n’était guère question pour lui de s’inventer des raccourcis et des chemins de traverse.
Il faut dire que issu d’une famille modeste et surtout originaire du Centre-Ouest de la Côte d’Ivoire de l’ethnie Bété, Laurent GBAGBO avait deux tares majeures, pour qui connait les contingences historiques, les stéréotypes et clichés, les schémas de pensées et les représentations que les uns se font des autres dans ce pays-là, comme ailleurs en Afrique. Donc, rappeler que GBAGBO portait en lui deux tares dont il n’était du reste pas responsable n’a rien de banal. Il était certainement le premier à le savoir et en être conscient mais sans doute étreint par ses convictions et ses ambitions, il a volontiers déconsidéré cette hypothèque, sans doute pour éviter d’être lui-même son problème. Ainsi, né le 31 Mai 1945 dans la préfecture de GAGNOA-arrondissement d’Ouragahio dans le village de MAMA, il se fera remarquer très tôt avant d’avoir atteint la vingtaine, alors qu’il est élève au Lycée Classique d’Abidjan. Les anthropologues et autres ethno-sociologues pourraient mieux que tout le monde comprendre et expliquer cette tendance à l’insubordination qui le caractérise. N’a-t-on pas coutume de dire que la caque sent le hareng ?! Ou encore que le sang suit la veine ! Cela pour dire que GBAGBO est bien de l’ethnie Bété, et le dire suffit pour expliciter tout le reste. Il s’agit pensent certains d’une composante sociologique de la Côte-d’Ivoire qui a une longue tradition de contestation, qui a du caractère et qui tient à sa dignité comme à la prunelle de ses yeux. Mais pour d’autres, il ne s’agit que d’éternels grincheux, palabreurs et même haineux. Dans un sens comme dans l’autre, on peut se risquer d’affirmer que les idées reçues ont une certaine logique, tant il y a du vrai dans chacune des différentes perceptions. Malgré tout et bon an mal an, de coups de cœur en coups d’éclats, le jeune leader suit son chemin, et inutile de rappeler que c’est un parcours erratique fait de heurts, d’écueils, d’anicroches, d’impédimentas, mais tout de même un parcours irréversible.
Le parcours de Laurent GBAGBO se confond donc avec la politique. Il aura au cours de toute sa vie été de tous les combats politiques dans son pays. Parce que tour à tour, militant dans plusieurs associations estudiantines et syndicalistes puis il remettra ça en tant qu’enseignant ce qui sera du reste pour lui la voie royale à l’engagement politique dans le sens opératif du terme. Lorsqu’on veut s’interroger sur le pourquoi de cet itinéraire obstinément militant, on ne peut ne pas considérer son appartenance à un groupe sociologique qui est reconnu pour son refus à courber l’échine. C’est d’ailleurs dans sa région d’origine qu’on eut les convulsions politiques d’essence nationaliste les plus significatives qui eurent pour conséquence la répression la plus violente du long règne d’Houphouët, ce qui comme on peut bien s’en douter, aura laissé des cicatrices indélébiles. Est-ce que ceci peut expliquer cela ? Toujours est-il que l’homme apparaîtra comme l’opposant au régime d’Houphouët le plus résolu, le plus sérieux et le plus implacable, cependant, il apparaitra davantage comme un opposant « civique » et « républicain », qu’un opposant revanchard et irrédentiste comme on aurait pu d’une certaine manière s’attendre, sur la base des contingences historiques en rapport avec les rivalités ethniques particulièrement entre la sienne et celle dont est par exemple issu Houphouët Boigny.
GBAGBO nonobstant les contextes sociétal et environnemental qui étaient les siens marqués par l’inculture et le crétinisme politiques a toujours fait montre d’une élévation qui frisait la naïveté, parce que n’avait-il de cesse de rappeler qu’on ne fait pas la politique pour soi-même ou pour ses proches ou ses partisans. On fait aussi la politique pour ses partenaires et /ou adversaires qui ne pensent pas comme nous. Il est reconnu même par ses contempteurs les plus radicaux d’avoir toujours tenu un discours républicain alors même qu’il était encore dans la clandestinité parce que pourchassé par le pouvoir. Accusé de subversion par le régime trentenaire et autocratique d’Houphouët, il avait été contraint de prendre le chemin de l’exil avec bon nombre de ses camarades, parce que dans un contexte et un système de déification absolue d’Houphouët, il avait osé avec des camarades et compagnons de lutte, créer un parti politique d’obédience socialiste, ce qui avait eu pour conséquence de déclencher l’ire des apparatchiks du PDCI amenés par un certain F. Houphouët Boigny, pur produit de la droite classique Française elle-même fille ainée de l’Eglise Catholique Romaine qui dans sa pure tradition, considérait alors le moindre son discordant comme de l’hérésie. GBAGBO est donc aux yeux de tous en Côte d’Ivoire un hérétique, un iconoclaste, un fou du roi, tant Houphouët est vénéré, référencé, adoré, révéré et carrément déifié même ! D’où le tir groupé dont il est l’objet de la part de tous les hagiographes et thuriféraires du (Dieu président) de (l’homme Dieu) des tropiques. A ce sujet, le politiste et historien TESSY BAKARY a écrit un excellent livre intitulé « l’Etat président ». Mais malgré les huées, les railleries, les brocards, les quolibets et les noms d’oiseaux dont il est l’objet, GBAGBO, comme tout bon illuminé, bien que voguant vent debout, croit à son étoile – l’adversité, au lieu de le fragiliser semble le rendre encore plus fort. Il faut dire que bien qu’étant dans la clandestinité, il revendique un bon réservoir de sympathisants dans son pays. Et sa côte de popularité va crescendo au gré des difficultés existentielles qu’éprouvent de plus en plus les Ivoiriens du fait de la crise économique elle-même consécutive à la chute des prix des matières premières. A la veille du début des années 90 ayant marqué le retour au multipartisme, la tension est montée de plusieurs crans. C’est donc tout naturellement que le « vieux », (épithète désignant Houphouët et traduisant l’affection dont il bénéficiait auprès de ses compatriotes au cours de nombreuses années de son interminable fin de règne) c’est naturellement donc, que le « vieux » fait face à la colère populaire et la fronde de la rue. Le peuple Ivoirien et davantage les citadins abidjanais pour la première fois commettent un crime de lèse-Dieu en organisant des marches et portant des pancartes sur lesquelles on peut lire « Houphouët voleur » !!! GBAGBO qui depuis deux ans est rentré d’exil avec ses camarades de lutte n’en demande pas mieux pour s’engouffrer dans la brèche. Quoi de plus légitime pour un opposant poursuivi et pourchassé dans la clandestinité, contraint à l’exil que de prendre la tête d’un peuple qui descend dans la rue parce qu’il a faim et a ras-le-bol de voir de son désir de changement différé ? Il faut dire que pour le peuple opposant naissant de Côte d’Ivoire, GBAGBO dans la classe politique du cru est un homme atypique, un homme des vertus ordinaires qui a un parcours extraordinaire ; c’est un homme qui a des capacités de mobiliser des foules et de leur dire ce qu’ils ont envie d’entendre. Il avait une manière de manier les mots avec simplicité pour dire des choses complexes—justes ; alternant prolepses, synecdoques, hyperboles, métaphores, allégories et proverbes dans les langues locales, il met une bonne frange de la population en délire au cours de ses différents meetings.
Il faut dire que l’homme n’a pas d’allure bourgeoise, il n’est ni emprunté – ni guindé – ni artificiel – ni sophistiqué, bref il ressemble aux Ivoiriens. Faut – il le réitérer, GBAGBO apparaissait comme un homme du terrain. Il a souvent forcé l’admiration alliant courage physique et intelligence politique. Dans ses discours, bien entendu, un peu aux accents et allures populistes, il se voulait le dépositaire de l’histoire et de la conscience nationale de ce pays – là ; pour ses partisans, c’est un euphémisme de dire qu’il est le Deus – ex – machina. Puis, arrivent les premières élections présidentielles où Houphouët est en compétition ouverte avec des challengers aux rangs desquels un certain GBAGBO Koudou Laurent. Houphouët est déclaré vainqueur à l’issu de la compétition, mais le mythe est tombé – son image écornée – son prestige fortement altéré. Bref le mythe de l’homme. Dieu, Boigny a vécu ! On ne saurait du reste ne pas relever que du fait de son âge avancé et du culte dont il faisait l’objet, cela n’ait pas eu des conséquences sur sa santé, toujours est – il qu’après cette victoire dans la douleur, il règnera plus qu’il ne gouvernera parce que devenu cacochyme et mourra d’ailleurs trois années plus tard. GBAGBO quant à lui, bien que vaincu, apparaitra comme le grand bénéficiaire de ce test. Au sortir de ces consultations, il s’empressera du reste de dire : « Je reviendrai »pour ainsi dire, il sort grandi de cette élection présidentielle d’où pendant la précampagne, pendant la campagne et à l’issu de l’élection, son aura a considérablement cru ! D’ailleurs au cours de sa véritable rencontre avec la presse nationale et internationale, à un journaliste qui lui fait observer qu’il a mis beaucoup d’eau dans son vin, il répliquera à ce dernier ceci : « C’est vous qui avez changé la manière de me regarder, monsieur, ce n’est pas moi qui ai changé, je suis resté le même » GBAGBO donc, grâce au score obtenu et au rang occupé à l’issue de la première élection pluraliste et cela consécutivement au retour du multipartisme consolide sa place de leader d’opinion et de chef de l’opposition Ivoirienne. Il a désormais un statut officiel. Il a droit à des espaces dans les médias publics tels la RTI, Fraternité – Matin ou Ivoire soir. Il en profite pour améliorer son image. Il donne souvent des conférences de presse où toute la presse est invitée. Ainsi, les Abel Douali, Jean – Pierre Ayé, Jean – Baptiste Akrou de son vrai nom Nguessan Blé, Venance Konan et autres Tirbuce Koffi qui comptent au sein de la presse parmi ses contempteurs les plus résolus et implacables en profitent au cours de ces fora pour lui exprimer leur antipathie à travers leurs questions qui frisent toujours des charges ad hominem ou des règlements de compte. Mais, sûr de son fait et surtout, entouré des hommes avertis à l’instar des professeurs, Harris Memel Foté, Mamadou Coulibaly, Abou Dramane Sangaré, Hubert Oulaye ou encore Barthélémy Kotchy, GBAGBO apparait incollable et tire à chaque fois son épingle du jeu. Il faut dire qu’au lendemain de ces élections de 1990 du reste fortement contestées bien que remportées par le vainqueur « naturel », la scène politique en cette terre d’Eburnie*est permanemment en ébullition, du fait de la disparition attendue parce que inéluctable d’Houphouët ; la rareté de ses apparitions n’en est que pour ajouter à la fébrilité visible, parce que les uns et les autres se positionnent comme ils peuvent dans l’optique de la succession. L’image d’un pays représenté comme un havre de paix a vécu. L’hypocrisie, la fourberie, la duplicité, les faux-semblants des différentes figures formant l’essentiel de la classe politique se dévoilent progressivement. La superstition du havre de paix uni en un bloc indivisible et faisant chorus derrière son président qui serait le « petit frère de Jésus et de Muhammad, » (le ministre Ezan Akélé dixit,) n’est plus du tout d’actualité. Entretemps, le leader désormais incontesté de l’opposition continue de creuser son sillon politique sur les ailes des manquements du régime en place et donc de la récupération. Mais, il faut dire que malgré toute sa fougue, son énergie, sa hargne, sa volonté, son abnégation et sa finesse ou son tact politiques l’homme a fort à faire dans cette Afrique où les mentalités sont reconnues conservatrices ; et GBAGBO doit bien savoir qu’il lui faudra déployer des trésors d’imagination pour retourner une bonne partie de la population qui ne lui est pas acquise sur la base de simples sentiments tant les gens souffrent ici et depuis toujours d’une pathologie que les psychiatres et psychanalystes désignent dans un vocable savant raideur psychologique. Autrement dit, les mentalités des masses en Afrique sont rarement diachroniques et cela est observable par le tout venant. Néanmoins, il s’emploie à chacun de ses meetings autant à infuser dans la société ses idées qu’à déconstruire le mythe Houphouët, parce qu’en réalité s’il avait une seule épreuve difficile pour gagner les cœurs de la masse c’était celle-là ! Dès lors qu’Houphouët du fait de son long règne et à cause de son appétit excessif du pouvoir avait totalement fait ombrage aux autres fils de ce pays – là. On mesurait n’importe quel autre ivoirien à son aune, fût-il reconnu brillantissime dans quelque domaine et dû-t-il revendiquer des états de services à l’échelle planétaire. Comme quoi, tous les autres ivoiriens sont toujours apparus comme des créatures pures et simples du « treizième apôtre » de Dieu dans la Bible. Autrement dit, outre Houphouët, Gbagbo n’avait pas d’adversaire politique à proprement parler sur la scène Ivoirienne ; parce que toutes les personnalités politiques ou à la lisière de la politique n’avaient chacune qu’une légitimité décrétale plutôt que populaire. D’ailleurs, le bélier de Yamoussoukro le reconnaitra insidieusement un jour au cours d’une de ces causeries d’autoglorification dont il affectionnait avec ses séides et affidés, en se moquant de ces derniers, qui eux, masochistes à souhait, semblaient encaisser avec stoïcisme ces coups du vieux dont la goguenardise était connue. Puis, la tension montait de plusieurs crans au gré de la santé visiblement déclinante d’Houphouët. Lorsque survint sa mort, on évita de justesse le clash, parce que les pros – Bédié à l’époque Président de l’assemblée nationale et successeur présomptif d’un côté, et les pros – Ouattara, alors premier ministre et intérimaire pendant l’absence prolongée d’Houphouët croisèrent le verbe dans un débat juridique à la fois technique – poussif – à fleuret moucheté – manichéen et acharné digne des esprits d’Augusta. Il faut dire que le texte de la constitution au sujet de la succession était si flou et si amphibologique qu’il ne pouvait ne pas autoriser plusieurs interprétations diamétralement opposées. A l’issue donc de ce débat de véritables sophistes, Bédié remporta la mise sur la base de l’interprétation téléologique de l’article 11 de la constitution au détriment de celle de l’article 24, elle, favorable à Ouattara. GBAGBO lui, observait de loin et sans doute avec délectation et amusement ce combat, mieux, cette comédie des orphelins comme pour emprunter à cette allégorie cyniquement Eburnéenne qui voudrait que le voleur ou le loubard n’ait rien à cirer avec les funérailles d’un flic ! Une fois Bédié installé donc, on pense du côté de l’opposition en général et dans le camp du FPI en particulier que les jeux sont désormais un peu plus ouverts. Le Mammouth Houphouët n’est plus en face et aucun de ses héritiers politiques n’est prêt à revendiquer l’aura, l’auréole, l’envergure, du grand mamamouchi qu’il fût.
GBAGBO, en fin politique ne rate désormais aucune occasion susceptible de lui permettre de gagner des espaces, par ricochet des cœurs et lui donner davantage de visibilité. Et l’occasion solennelle lui est offerte pendant les obsèques grandioses d’Houphouët pour frapper un grand coup et marquer les esprits d’un très grand nombre de personnalités internationales et locales, sans oublier les gens ordinaires. En effet, nonobstant le fait d’avoir été royalement et dédaigneusement ignoré dans l’organisation desdites obsèques au moins comme personnalité représentative d’une opinion qui comptait dans le pays, il avait tenu à conduire personnellement la délégation du FPI au cours de la cérémonie de remise des dons et présents, où il réussit à émouvoir toute l’assistance par son geste à la fois d’une sobriété et d’une grandeur uniques offrant en lieux et places de deux cent bœufs et un containeur de riz comme c’était la mode pour les « petites gens » spécialistes de l’esbroufe et du m’as-tu-vu ? Plutôt de la kola et un simple tissu de pagne (Kita) et rappelant à l’occasion, qu’en fait d’avoirs en natures et en espèces, il pensait qu’Houphouët en possédait plus que quiconque et donc pour lui, pour sa mémoire, seul le symbole comptait, car avait-il poursuivi, si on pouvait acheter la vie et éviter de mourir, Houphouët aurait pu le faire tant sa fortune était immense. La veuve Thérèse Houphouët fut tellement attendrie qu’elle ne put retenir les larmes d’émotion, se levant, elle tint le leader du FPI par la main, le rapprocha d’elle et lui dit un mot à l’oreille ! Que lui avait-elle dit ? Nul ne le sait ! L’acte du président du FPI frappa tellement les esprits que même certains hommes politiques de l’autre bord durent reconnaitre ouvertement qu’il savait saisir les grandes opportunités. D’ailleurs, partisans ou admirateurs de celui-ci arrivaient à trouver un modus vivendi tacite avec ses adversaires, détracteurs ou contempteurs sur la réalité de son intelligence politique qui déroutait tout le monde, nonobstant son air faussement naïf. Paul Akoto Yao, ministre sous Houphouët et dignitaire du parti unique s’il en fut, dut avoir ces propos de GBAGBO au sortir d’une conférence de presse qu’avait donnée ce dernier « On n’aime pas le lièvre, mais on se doit de reconnaitre qu’il court vite ». Ou encore cet autre leader d’opinion qui déclarera à l’issue de ladite conférence ceci « GBAGBO a su utiliser deux heures de temps d’antenne pour se vendre ». C’est donc tout naturellement que GBAGBO devient une figure incontournable de la scène politique nationale en Côte d’Ivoire, mais il faut dire que, au cours de ces premières années post-Houphouët, on relève un raidissement de la position des uns et des autres et par conséquent un durcissement du ton de la part du leader de l’opposition qui est par ailleurs devenu entre temps député au parlement ivoirien. GBAGBO qui était jusque-là reconnu comme un homme idéal et surtout d’idéal – respectueux des autres comme de lui – même, s’insérant dans des obligations qu’il tient pour absolues, s’autorise même des outrances verbales du genre « Si en face on n’y prend garde, Laurent GBAGBO peut devenir à son corps défendant Laurent KABILA » Il faut dire qu’on est en 1997 et le monde politique assiste médusé à l’avancée époustouflante d’en certain Laurent Désiré KABILA d’Est en Ouest de la R.D.C. Au cours de ces années post-Houphouët, la Côte d’Ivoire se fait régulièrement peur, car la mort du vieux a sonné le glas de l’unanimisme de façade et les Ivoiriens doivent apprendre à leurs dépens que lorsque s’estompe le temps et que rétrécit l’espace de la parole monocorde et univoque, il devient irrémédiablement naturel de changer de dialectique ! Les convulsions ou poussées de fièvre itératives traduisent tout simplement les vagissements du nouveau – né, dû aux douleurs d’un accouchement par césarienne. Et donc en lieu et place de la critique constructive et intelligente à base d’arguments, on a droit de parts et d’autres aux oukases, au lynchage, à la philippique, à l’invective et aux diatribes croisées. Il faut dire que les dérapages constatés çà et là avaient donné la mesure du vertige et de la nausée que peut engendrer l’amateurisme politique dans un contexte ou un environnement oppositionnel naissant, dès lors qu’on ne pouvait plus dire si c’est le devoir qui confère le droit ou si c’est le droit qui en impose le devoir. L’arrivée sur la scène d’autres figures nées du schisme intervenu au sein du P.D.C.I – R.D.A à l’instar d’un certain Ouattara Alassane qui apparaissait comme la vigie de l’avenir des siens, mieux comme l’alchimiste de leurs rêves ne contribua guère à l’intelligence de la situation au contraire davantage au pourrissement de celle-ci, car cette troisième voie, cachait mal ses velléités irrédentistes mâtinées de revanche ethnique et de prosélytisme religieux. Les alliances aussi mécaniques que superficielles se construisirent et se déconstruisirent aux grés de l’hypocrisie, de la mauvaise foi, de la duplicité et de la fourberie des uns et des autres. Ainsi on put assister même ahuris à un binôme improbable genre GBAGBO – OUATTARA ; Deux hommes que tout pourrait opposer-ontologiquement sans parler de leur idiosyncrasie etc… Ce rapprochement inédit et totalement contre nature trahit à suffisance, s’il en était encore besoin, l’amateurisme de la classe politique Ivoirienne. De mariages en démariages, on se contente de compter les échecs tant les balbutiements sont criards. On expérimente tous les cas de figures, toutes les combinaisons pour arriver à bout de l’ogre P.D.C.I– R.D.A qui, solidement arcbouté sur l’héritage, l’image, la mémoire et à l’ombre d’Houphouët, semble aussi solide que le chêne. Ou encore plie, mais comme le roseau, ne rompt pas. C’est ainsi que le très artificiel et mécanique Front Républicain, sans beaucoup d’illusions fait prématurément long feu, et en tout état de cause, il n’aurait jamais pu objectivement connaitre meilleur destin, tant ses différentes figures de proue étaient ontologiquement différentes. Comme quoi, le mariage de la carpe et du lapin ne pouvait générer ou produire qu’un monstre non susceptible de se revendiquer de quelque lignage. Et c’est tout naturellement que les uns et les autres réalisent qu’au-delà des incantations et des professions de foi, ils ne sont pas faits pour le conjungo. Ainsi, Laurent GBAGBO, qui représente incontestablement la figure achevée de l’opposant politique du système dans la pure orthodoxie retourne à ses études.
la suite très prochainement.




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dernière mise à jour : 2015-01-05

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