"Lobsang, ouvre les yeux et regarde-moi"
"La voix bienveillante de mon guide le lama Mingyar Dondup me réconforta et un frisson de joie me parcourut, écrivit-il, j'ouvris les yeux et regardai. Le lama se pencha sur moi. Il paraissait en meilleure santé que je ne l'avais jamais vu sur terre. Son visage semblait sans âge, son aura rayonnait des couleurs les plus pures sans aucune trace de passions terrestres. Sa robe safran était faite d'une étoffe immatérielle, elle resplendissait comme si elle avait été douée d'une vie propre, Il me sourit et me dit : « Mon pauvre Lobsang, tu es un exemple particulièrement frappant de l'inhumanité de l'homme envers l'homme parce que tu as survécu à maintes épreuves qui en auraient tué d'autres. Tu es ici pour te reposer, Lobsang, un repos dans ce que nous appelons le Pays de la Lumière Dorée. Ici nous avons dépassé le stade de la réincarnation. Ici nous travaillons pour aider des peuples de bien des univers différents et non pas seulement de !a Terre. Ton âme est meurtrie, ton corps est malade. II faut que nous te remettions sur pied, Lobsang, car la tâche doit s'accomplir et tu n'as point de remplaçant. »
Et c'est alors que les Maîtres qui régnaient dans ce monde étrange firent au lama mourant la proposition la plus extraordinaire qui soit.
« Ton corps terrestre, à cause de tout ce que tu as enduré, est dans u n état déplorable. Nous avons trouvé dans le pays d'Angleterre u n corps que son possesseur a hâte de quitter. Son aura possède une harmonique fondamentale semblable à la tienne. Plus tard, si les conditions l'exigent, tu pourras prendre ce corps . »
Devant cette extravagante proposition, Lobsang eut un haut-le-corps.
"Eh bien, Lobsang, le rassura-t-on, à quoi te sert ton entraînement ? II ne s'agit que de prendre la robe d'un autre. Et au bout de sept années !e corps sera le tien, toutes les molécules de ce corps avec les mêmes cicatrices auxquelles tu tiens tant. Au début cela te paraîtra un peu étrange, comme lorsque tu as mis pour la première fois des vêtements occidentaux. »
Enseignement traditionnel
Revenu sur terre Rampa tergiversa encore quelque temps. En Amérique il connut de nouveau le chômage, la faim, la douleur. Il balaya les rues, convoya des voitures, devint speaker à la radio, puis marin. Maïs le temps semblait venu.
Au cours d'un voyage au Tibet, réfugié dans les hauteurs himalayennes pour échapper aux communistes, Lobsang se retrempa, avec ses frères lamas retrouvés, dans l'enseignement traditionnel. Et de nouveau on lui enjoignit de changer de corps.
Alors, grâce à un pouvoir exceptionnel que possèdent seuls les grands initiés, Lobsang put consulter dans les Annales Akashiques, c'est-à-dire dans le passé de l'humanité, l'histoire de celui dont il allait prendre le corps.
« Tout ce que nous faisons, tout ce qui arrive est inscrit de façon indélébile sur l'Akasa, ce fluide subtil qui imprègne toute matière, explique le lama écrivain. Tous les événements qui ont eu lieu sur terre depuis que la terre existe sont là à la disposition de ceux qui ont la formation intellectuelle appropriée pour en prendre connaissance. L'histoire du monde s'y étale devant quiconque a les yeux ouverts. »
Dans la Salle des Souvenirs, Lobsang découvrit ainsi la vie passée de celui dont il allait prendre l'apparence et l'identité.
C'était un Anglais banal qui n'avait jamais connu qu'une vie triste, monotone, partagée entre les dangers de la guerre, le chômage, les privations. Cet homme n'avait plus goût à la vie et n'aspirait qu'à la quitter.
Le lama eut un sursaut quand il découvrit que l'homme était marié, ce qu'il concevait difficilement, lui, le moine voué à la chasteté. Mais on lui prouva que l'Anglais vivait depuis longtemps comme frère et sœur avec son épouse.
L'Anglais avait déjà été contacté par les amis de Lobsang. La nuit, des rêves de Tibet le harcelaient. II s'intéressait curieusement de plus en plus aux religions orientales, cet univers de magie le hantait et un beau jour, alors qu'il dormait dans son petit cottage, son corps astral s'était envolé et il était entré en contact avec les maîtres tibétains de Lhassa.
Il avait reçu leur proposition et iI l'avait accueillie avec joie, trop heureux de quitter sa morne vie pour celle de lumière et de bonheur qu'on lui proposait. II accepta de changer de nom car les vibrations du sien, d'après la Science des nombres tibétaines, n'étaient pas bonnes. Et de se laisser pousser la barbe pour cacher les multiples cicatrices qui recouvraient la figure de Lobsang et que ce dernier « emporterait » avec lui.
Tout était donc prêt pour la substitution. Lobsang ne pouvait plus reculer. L'opération eut lieu un beau jour dans le jardin de l'Anglais. Selon les consignes, ce dernier se laissa brusquement tomber d'un arbre, à quelques mètres du sol. Son corps gisait, inerte au pied. Et les deux lamas qui avaient accompagné Lobsang opérèrent la substitution.
"L'un des lamas, raconte Lobsang, saisit la forme astrale de l'homme et passa la main le long de la Corde d'Argent. II semblait la nouer comme on noue le cordon ombilical d'un bébé à sa naissance.
« L'homme, libéré de sa Corde, s'éloigna, flottant dans les airs en compagnie d'un prêtre qui l'assis tait. Je sentis une douleur cruci- fiante, une souffrance indicible que j'espère ne jamais éprouver de nouveau, puiS, le plus âgé des lamas me dit : « Lobsang, peux-tu t'intégrer dans ce corps ? Nous allons t'aider ».
"Emprisonné dans ce corps"
« Le monde s'assombrit. J'étais plongé dans d'épaisses et poisseuses ténèbres d'un noir rougeâtre. Je suffoquais. Je sentis que l'on me forçait à entrer dans quelque chose de trop petit pour moi. Emprisonné dans ce corps, je l'explorais avec l'impresssion d'être un pilote aveugle dans un avion très complexe et je me demandais comment le faire agir. Désespérément, je palpais, je tâtonnais au hasard. Enfin, j'aperçus des lueurs rouges puis vertes. Rassuré, j'intensifiais mes efforts puis ce fut comme si une persienne s'était ouverte. Je voyais. »
II fallut plusieurs jours à Lobsang Rampa pour s'habituer à son nouveau corps, le faire agir à sa guise. Et plus longtemps encore pour s'adapter à sa nouvelle identité. Peu à peu, il y parvint pourtant.
Mais ses tribulations n'étaient pas terminées. A la place de l'homme qui lui avait cédé son corps, il dut lutter pour vivre, pour trouver du travail et subvenir à ses besoins et à ceux de sa « femme ».
De nouveau, Lobsang fit les métiers les plus divers. Sans grand succès. Jusqu'au jour où, engagé comme « nègre » chez un éditeur, on lui proposa d'écrire un livre sur sa vie.
Une incroyable popularité.
Le lama hésita, prit conseil de ses maîtres, puis finalement accepta la proposition. C'est ainsi qu'il écrivit "Le Troisième œil". L'ouvrage fit le bruit que l'on sait. Désormais à l'abri des problèmes financiers, Rampa s'installa d'abord en Irlande, puis aux Etats-Unis, à Détroit où il poursuivit son oeuvre littéraire qui lui valut une incroyable popularité.
Mais qui était-il désormais : 1e lama Lobsang Rampa ou l'Anglais Cyril Henry Hoskin ? Qui peut le dire ?
Cette incroyable aventure est bien évidemment très difficile à accepter par nos esprits rationnels. Si certains y adhèrent sans restriction, la plupart restent bien sûr sceptiques, voire tout à fait incrédules et parlent de fiction, ou même de supercherie.
Lobsang Rampa ne doutait pas, pour sa part, que son histoire serait "difficile à avaler" par les lecteurs occidentaux. Mais il avait répondu par avance aux attaques par cette phrase d'un de ses maîtres :
« Même si les non-évolués, les non-éclairés, feignent de croire que tu écris des œuvres d'imaginations, une partie de la Vérité pénétrera jusqu'à leur subconscient et, qui sait, la petite graine de vérité s'épanouira peut-être dans leur vie présente ou dans la suivante. » |
|